Un rapport fataliste sur les algues vertes

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Pour le préfet des Côtes d’Armor, les agriculteurs, qu’il pointe du doigt, ne sont pas prêts à accepter un changement.

L’intitulé "Préfecture des Côtes d’Armor" est accompagné de la mention "confidentiel" rajoutée à la main. L’objet de cette note que le Télégramme de Brest publie mercredi : le "phénomène des algues vertes dans les Côtes d’Armor". Le préfet des Côtes d’Armor, Jean-Louis Fargeas, y résume les causes et les conséquences de la présence des algues vertes dans son département. En pointant, sans détours, les limites de l’action de l’Etat en la matière.

Parmi les causes, est largement détaillé le rôle de l’azote "principalement d’origine agricole". Parmi les conséquences, le préfet insiste : "Le public fuit les plages touchées par la marée verte. La putréfaction des tonnes d’ulves dégage de l’hydrogène sulfuré, non seulement nauséabond mais aussi néfaste pour les espèces vivantes du milieu et pour l’homme, ainsi que de l’ammoniac".

Que fait l’Etat pour lutter contre ce phénomène ? Le préfet liste une série de politiques, en les accompagnant des commentaires suivants : "efficacité attendue sur les nitrates assez faible",
"les gains attendus ne sont pas à la hauteur des enjeux", "il est très difficile d’imposer des contraintes nouvelles" ou encore "cahiers des charges mal adaptés à la situation bretonne".

D’où cette conclusion en forme d’aveu d’échec : "la diminution visible et notable de ce phénomène ne pourra passer que par un changement profond des pratiques agricoles sur les secteurs concernés, ce que la profession agricole n’est pas prête à accepter pour le moment. Cette évolution n’est pas envisageable pour le moment, le phénomène des algues vertes ne peut donc que perdurer".

Mais le préfet pointe au passage le coût pour son département du ramassage des algues vertes, 500.000 euros par an, et les risques de condamnation devant la justice, après le dépôt de plus de 300 plaintes. "Afin d’éviter que l’Etat soit de nouveau mis en cause et pour obtenir des résultats en la matière, il importe, néanmoins d’afficher une politique volontariste pérenne", conclut donc la note envoyée notamment au premier ministre.