Un couple de végétaliens devant les assises

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avec AFP , modifié à
Ils sont accusés d’avoir "privé de soins" leur bébé de 11 mois, décédé en 2008 dans la Somme.

Le procès d'un couple de végétaliens, soupçonnés de "privation de soins ou d'aliments suivie de mort" après le décès de leur fillette de 11 mois, s'est ouvert mardi pour quatre jours devant la cour d'assises de la Somme à Amiens. Le couple comparaît libre devant la cour d'assises, dont le verdict est attendu vendredi. Ils encourent 30 ans de réclusion. Ils ont déjà effectué quatre mois de détention provisoire, avant d'être placés sous contrôle judiciaire.

Leur fillette, Louise, était décédée le 25 mars 2008 à leur domicile de Saint-Maulvis, dans la Somme. Inquiets de l'affaiblissement de l'enfant, les parents, dont le régime végétalien proscrit tout aliment d'origine animale, avaient appelé les pompiers qui n'avaient pu que constater la mort de l'enfant.

Des carences en cause

Mais les pompiers s’étaient étonnés de la pâleur et la maigreur du bébé et avaient alors alerté les gendarmes. La fillette ne pesait, en effet, que 5,7 kilos contre une moyenne de 8 kilos à cet âge. Elle était alors exclusivement allaitée par sa mère, âgée de 37 ans à l'époque. L’autopsie avait révélé une carence en vitamine A et B12 qui, selon les experts, accroît la sensibilité aux infections et serait "due à un déséquilibre alimentaire". "Le problème de carence en vitamine B12 pourrait être en lien avec le régime alimentaire de la mère", a estimé Anne-Laure Sandretto, vice-procureur de la République d'Amiens.

Les parents avaient adopté ce régime après avoir vu "une émission de télévision sur le transport du bétail aux abattoirs", a expliqué Me Stéphane Daquo, avocat de la mère. Ces derniers ont par ailleurs une fille aujourd'hui âgée de 13 ans qui ne semblait pas souffrir des mêmes carences à l'époque des faits.

Refus d’hospitaliser leur enfant

Mercredi, la mère, Sergine, a rappelé le régime pauvre qu'elle avait adopté durant sa grossesse : jus de carotte et jus d'ortie.

Très méfiants à l'égard de la médecine conventionnelle, les accusés préféraient soigner leurs enfants par leurs propres moyens, à l'aide de conseils puisés dans des livres. "Lors de la visite médicale du neuvième mois, ils n'ont pas suivi l'avis du médecin qui leur conseillait d'hospitaliser Louise atteinte d'une bronchite et qui perdait du poids", selon Me Daquo. "Ils préféraient des recettes à base de cataplasme d'argile ou de choux puisées dans leurs lectures. Ce sont des gens qui ont eu de mauvaises lectures au mauvais moment", a argumenté leur avocat.

Le cas de la grande sœur étudié

Mardi, le procès avait porté essentiellement sur l'éducation de la fille aînée, Elodie. Ses parents avaient décidé de la déscolariser pour l'instruire à la maison, parce qu'un jour, du pâté avait été donné aux élèves.

"On s'y est peut-être mal pris", a reconnu mardi la maman, l'allure frêle dans sa jupe indienne et son gros col roulé rouge. Appelée à la barre, Evelyne, la belle-soeur de l'accusé, a exprimé ses doutes. "J'ai rencontré Elodie quand elle n'avait pas 6 ans", raconte cette assistante éducative en préretraite. "J'ai vu une petite sauvageonne, pas socialisée avec les autres enfants. Je lui ai tendu une fraise qu'elle a refusée prétextant que sa mère ne voulait pas. Pour moi ça sentait la secte", dit-elle.