Un an requis contre la préfète chapardeuse

L'ex-préfète Françoise Debaisieux est accusée d'avoir volé plusieurs objets dans la préfecture de Lozère. Montant du butn : quelques centaines d'euros.
L'ex-préfète Françoise Debaisieux est accusée d'avoir volé plusieurs objets dans la préfecture de Lozère. Montant du butn : quelques centaines d'euros. © MAXPPP
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avec Stéphane Barnoin et agences , modifié à
Françoise Debaisieux a comparu jeudi pour des vols commis entre 2007 et 2009.

C’est une trajectoire bien singulière sur laquelle le tribunal correctionnel de Lozère a commencé à se pencher jeudi. Comment Françoise Debaisieux, une préfète à la carrière exemplaire, a pu déraper et dérober entre 2007 et 2009 des objets à la préfecture de Mende, où elle était en fonction ?

Douze mois de prison avec sursis et 10.O00 euros d'amende ont d'ores et déjà été requis jeudi contre l'ex-préfète de Lozère. Deux mois de prison avec sursis ont été réclamés contre son mari, Hervé Debaisieux, médecin généraliste, qui a comparu très discrètement aux côtés de son épouse pour "recel de détournements et de vols de biens remis en raison de sa fonction par personne dépositaire de l'autorité publique".

La préfète réitère sa bonne foi

Tailleur noir et chemise blanche, Françoise Debaisieux est restée droite et fière. Comme elle le fait depuis le début, cette femme, jusque-là médecin à la carrière exemplaire à la Ddass et la Drass des Ardennes, a répété avoir agi de bonne foi.

"Le préfet dispose d'un budget, environ 1.000€ par mois, pour lui et sa famille. J'étais convaincue que les objets me suivaient, que je pouvais les utiliser où je voulais. Ma famille n'étant pas à la préfecture, je pensais pouvoir les emmener avec moi", a-t-elle expliqué. Si elle a fait des erreurs, il faut les mettre sur le compte de sa méconnaissance des règles, a-t-elle assuré. "On m'a proposé la préfecture en octobre 2007. Je suis arrivée en novembre 2007. On m'avait dit qu'on m'aiderait. J'ai fait confiance", a-t-elle poursuivi, relevant que personne ne lui avait jamais fait la moindre remarque.

"Elle n'a rien à se reprocher. Elle s'est parfaitement expliquée sur tout. Elle est la victime d'une situation infernale (...). L'information à laquelle elle avait droit ne lui a pas été donnée", a pour sa part estimé au micro d'Europe 1 Me Jean-Pierre Cabanes, l'avocat de la préfète

"Comportement pathétique et médiocre"

Des explications qui n'ont pas convaincu le procureur. "Quand je vois le comportement de Madame Debaisieux à la préfecture, au cours de l'enquête et de l'audience, c'est pathétique et médiocre", a lancé Samuel Finielz, affirmant que la fonctionnaire avait "patiemment et méticuleusement tissé les fils malhonnêtes de la toile dans laquelle elle est empêtrée".

Reconnaissant qu'il ne s'agit pas de "vol de biens inestimables", le magistrat a listé les objets de cette affaire, qui concerne 14.000 euros de biens détournés puis restitués et une dizaine d'objets, dont un imperméable, retrouvés chez elle ou chez sa fille. "Pourquoi a-t-elle commis ces vols ?", s'est interrogé M. Finielz, qui a aussi réclamé cinq ans d'interdiction des droits civiques et de famille.

Inventaire à la Prévert

Les soupçons étaient nés du constat que des objets ou meubles manquaient au moment de son départ de la préfecture. Son successeur l'ayant interrogée par courrier à ce sujet, Françoise Debaisieux lui avait répondu que certains étaient entreposés dans une chambre ou dans des cartons au grenier. Mais au cours d’une perquisition à son domicile, les enquêteurs étaient tombés sur des objets appartenant à la préfecture de Mende, tels qu’une "balance romaine et un service à poids en laiton", un "couteau à lame courte et dentée", un seau à champagne, ou un "petit bocal en verre de couleur verte à bouchon en liège". Un petit inventaire à la Prévert qui pourrait coûter cher à l’ex-préfète.