Un an après le crash de la Yemenia

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Europe1.fr (avec agences et Nathalie Chevance) , modifié à
Les familles sont dans le désarroi un an après l'accident d'un Airbus au large des Comores.

"Est-ce que, sincèrement, quiconque peut faire son deuil ?". La question est posée, un an après le crash de l’Airbus de la Yéménia, le 30 juin 2009, au large des Comores. A Marseille, les familles de victimes peinent à tourner la page et se sentent abandonnées par les autorités.

Aucun rapport d'enquête

Le désespoir gagne les familles des victimes, qui redoutent de ne jamais connaître un jour la vérité. "J'ai l'impression que les victimes sont mortes dans l'indifférence", déplore Mohamed Ahmed, président d'une association marseillaise de familles de victimes de la catastrophe du 30 juin 2009, qui compte 400 membres en France et à l'étranger.

 

Un an après le crash, aucun rapport d’enquête n’a été publié. Les boîtes noires ont été repêchées fin août 2009. Début septembre, la commission comorienne chargée des investigations avec l'assistance du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), avait annoncé que les données étaient exploitables. Mais depuis, plus rien. Dans ce contexte, les autorités françaises ont demandé mercredi à Moroni la publication "sans délai" du rapport d'enquête intermédiaire.

 

Une erreur humaine en cause ?

La piste de l'erreur humaine semble privilégiée. Selon Mohamed Ahmed, les membres de l’équipage avaient un problème de formation. "Le commandant de bord aurait eu une licence commerciale et non pas une licence de ligne. Cette licence n’avait pas de validité. Nous avons affaire à des responsables de l’appareil qui n’avaient pas autorisation à opérer en matière de transport aérien", dénonce-t-il.

Le cimetière aux Comores, une décharge

"On fait des suppositions, on a nos propres histoires, on se fait un film sur l'accident", rapporte Marie M'ze, dont la mère et le petit frère sont décédés et qui se désespère de connaître un jour la vérité. Elle dénonce deux poids, deux mesures dans le traitement des catastrophes aériennes, en comparant avec le vol Rio-Paris. "Quand on pose des questions, on nous renvoie vers les Comores, mais moi je suis Française et les réponses, je les veux ici, pas dans mon pays d'origine que je ne connais pratiquement pas. On est des familles de victimes comme les autres. Un crash, ça n'a pas de couleur, la souffrance est la même", déplore-t-elle.

Mohamed Ahmed, qui a perdu sa soeur, son neveu et sa nièce dans la catastrophe, dénonce, photos à l'appui, le cimetière construit pour les victimes aux Comores. Une "décharge" à ses yeux, où les victimes sont signalées par un numéro et où, en lieu de stèle promise pour honorer la mémoire des disparus, on trouve une plaque dédiée aux "victines" du crash, avec une faute d'orthographe.

3,4 millions d’euros pour les familles

Début mai, le tribunal d'Aix-en-Provence a versé les premières indemnités prévisionnelles aux familles de victimes. 3,4 millions d'euros. Une victoire selon les avocats des familles mais qui n'apaise toutefois pas les esprits.

L'A310 de la Yemenia effectuant la liaison Sanaa-Moroni s’est abîmé avec à son bord 153 personnes, dont beaucoup vivaient en région parisienne et à Marseille. Une passagère de 12 ans, Bahia Bakari, avait survécu.