Tibéhirine : l'espoir repose sur Hollande

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avec agences et Pierre de Cossette , modifié à
TÉMOIGNAGE E1 - Me Baudouin demande au président d'agir à Alger, où il se rend mercredi.

Les autorités algériennes empêcheent-elle de faire avancer l'enquête sur l'affaire des moines de Tibéhirine ? C'est du moins ce qu'affirme Me Patrick Baudouin, l'avocat des familles parties civiles dans l'affaire de l'assassinat des moines de Tibéhirine, dans une lettre ouverte publiée dans La Croix.

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"Faire passer un message". Pour accélérer l'enquête du juge Trévidic, Me Baudouin demande à François Hollande d'intervenir auprès d'Alger, où il se rend la semaine prochaine. Patrick Baudouin appelle en effet solennellement le chef de l'Etat à faire en sorte que puisse progresser la "légitime recherche de la vérité".

"Disons qu'il y a une occasion peut être relativement unique, parce que ce n'est pas si fréquent qu'un chef d'Etat français se rende à Alger, pour que le président Hollande fasse passer ce message", détaille-t-il au micro d'Europe 1. "Il serait inadmissible que poursuive, du côté algérien, ce sentiment d'impunité et d'opacité qui fait obstacle à l'instruction des moines de Tibéhirine", poursuit-il.

>>> Mise à jour de 16h17.Interrogé sur cette question, le président français François Hollande a affirmé vendredi à Bruxelles qu'il parlera de "tous les sujets", y compris de l'enquête sur l'assassinat en 1996 des sept moines de Tibéhirine, avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika lors de sa prochaine visite en Algérie.

Le mutisme des autorités algériennes. Depuis un an, en effet, le juge parisien antiterroriste Marc Trévidic attend le feu vert des autorités algériennes pour pouvoir poursuivre ses investigations dans l'enquête sur la mort des moines de Tibéhirine, enlevés en mars 1996. L'instruction menée par le juge parisien Marc Trévidic sur l'enlèvement et l'assassinat des sept moines de Tibéhirine "reste aujourd'hui suspendue à la coopération des autorités algériennes", résume Me Baudouin dans sa lettre ouverte.

"Force est de constater que, depuis maintenant un an que cette commission rogatoire internationale a été délivrée, les autorités algériennes n'ont pas donné de réponse positive au juge Trévidic. Alors selon leurs bonnes habitudes, elles lanternent, elles en disent ni oui, ni non, mais elles ne lui permettent pas d'accomplir son travail", déplore-t-il sur Europe 1.

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Un massacre qui reste suspect. Alger affirme depuis 1996 que les sept moines ont été décapités par des islamistes qui les avaient enlevés, une thèse qui a semblé confortée par une revendication du Groupe islamique armé (GIA). Mais l'enquête judiciaire ouverte en France n'écarte pas, depuis 2009 et le témoignage d'un ancien attaché de défense à Alger, une bavure de l'armée algérienne.

A la demande du juge, le ministère français de la Défense avait déclassifié 68 documents qui étaient protégés par le secret-défense. Seules les têtes des moines ont été retrouvées le 30 mai 1996 près de la commune de Médéa. Au début de l'année, le juge Trévidic avait indiqué aux familles qu'il voulait faire procéder à une autopsie des têtes et entendre sur place une vingtaine de témoins.

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