Surpopulation carcérale : la fronde d'un procureur

Le taux de surpopulation pénale est actuellement de 115% dans les prisons françaises.
Le taux de surpopulation pénale est actuellement de 115% dans les prisons françaises. © MAXPPP
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avec Pierre de Cossette , modifié à
Le procureur de Dunkerque a ordonné jeudi le report de certaines incarcérations.

150 détenus pour 100 places : à la prison de Dunkerque, la surpopulation carcérale est criante. Dans ces conditions, le procureur de la République de la ville a ordonné jeudi le report, jusqu'au 5 septembre, de l'incarcération des personnes condamnées à une peine de prison, à l'exception des délits les plus graves.

"Quand vous faites coucher des gens sur des matelas, vous vous heurtez aux obligations liées au respect de la vie humaine, aux problèmes d'hygiène, au risque de violences (entre détenus) et à des difficultés de relations avec les fonctionnaires pénitentiaires", a justifié Philippe Muller. "Il ne s'agit pas d'effacer, mais de différer la mise à exécution", a précisé le procureur de la République de Dunkerque.

"Des conditions insalubres"

La décision a été saluée par l'organisation syndicale pénitentiaire UFAP-UNSA. Son secrétaire général Jean François Forget espère même que l’initiative fera des émules : "on pourrait avoir différents procureurs qui se piquent au virus dunkerquois et qui adoptent le même concept. On a aujourd’hui, dans les établissements pénitentiaires, plus de 1.000 matelas par terre avec des détenus qui dorment à même le sol", a t-il confié à Europe 1. "Ca reste des être humains à gérer dans des conditions insalubres, au-delà de ce qu’ils ont fait", a encore fait valoir le secrétaire général de l’UFAP-UNSA.

Le ministère de la justice épingle le procureur

Le ministère de la Justice a demandé au procureur de la république de Dunkerque de "revenir sur les directives adressées" aux services enquêteurs. La chancellerie estime "qu’elles sont contraires aux orientations du garde des Sceaux", a appris Europe 1 vendredi.

Le taux de surpopulation pénale est actuellement de 115% dans les prisons françaises. Au 1er juillet, selon l'administration pénitentiaire, il y avait 64.726 personnes incarcérées pour 56.081 places.