Soupçons de racisme dans plusieurs gares

La SuGe, sûreté générale, en charge de la sécurité dans les gares est pointée du doigt pour ses dérives racistes dans certaines villes de France.
La SuGe, sûreté générale, en charge de la sécurité dans les gares est pointée du doigt pour ses dérives racistes dans certaines villes de France. © Maxppp
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Damien Brunon et Pascal Berthelot , modifié à
INFO E1 - Un agent de la SNCF d’origine africaine se rend mardi à l’Elysée pour tenter d’évoquer les dérives racistes, notamment à Paris.

L’INFO. Les chiens aboient et la locomotive passe... Les dérives racistes semblent gangrener le fonctionnement de la SuGe, la sûreté générale, le corps de la SNCF en charge de la surveillance dans les gares. Le site Mediapart révélait lundi que la gare de Montpellier est notamment concernée par la situation. Blagues, SMS échangés ou encore chansons racistes, tout serait bon pour discriminer la population maghrébine, employés et usagers. Les deux agents qui ont rapporté ces agissements sont depuis mis à l’écart. Victime d’acte racistes similaires entre 2005 et 2011, un agent de la région parisienne va quant à lui se rendre à l’Elysée mardi pour évoquer la situation, selon les informations d’Europe 1.

L’affaire de Montpellier. Comme partout en France, la sécurité de la gare de Montpellier est donc assurée par la SuGe, une structure interne à la SNCF. Ses agents sont des cheminots assermentés par la justice, équipés de tonfa et d’armes à feu. L’un d’eux, Kamel, d’origine maghrébine, a intégré l’équipe de 25 personnes en juillet 2011. A l’époque, le jeune homme est recruté dans le cadre de la politique de diversité instaurée par la SNCF. Dès son arrivée, il ressent une ambiance pesante autour de lui.

La goutte qui fait déborder le vase. Cet employé laisse faire sans rien dire jusqu’en décembre 2012. A ce moment là, l’un de ses collègues, Pierre, blanc, pas raciste, reçoit une blague par SMS. Cette “boutade”, qui remercie Citroën de construire des voitures qui écrasent des “arabes”, a été envoyée à de nombreux autres employés, mais pas à Kamel.

Délégué syndical, ce dernier décide donc de faire remonter l’information à sa hiérarchie. Un déontologue est envoyé sur place pour comprendre la situation, en vain. Lors des entretiens réalisés avec le spécialiste, certains employés reconnaissent ouvertement écouter des chansons nazies dans les vestiaires. Concernant le SMS raciste, ils jugent qu’une blague entre collègues n’est pas répréhensible.

Le retour de flamme. Le problème, c’est que depuis, Kamel et Pierre sont mis à l’écart et accusés de mettre une mauvaise ambiance dans l’équipe par leurs collègues. Sous pression, certains leur reprochent d’être homophobes. Epuisé, Kamel est hospitalisé depuis plusieurs mois.

Pire, les deux protagonistes ont été convoqués par la direction de la SNCF. Cette dernière leur a demandé de passer à autre chose afin de clore le dossier. Ils sont également convoqués mercredi par leur supérieur direct pour un entretien qu’ils craignent être un préalable à un licenciement. Ceux qu’ils accusaient, eux, s’en sortent sans aucune sanction.

Selon l’entreprise, un seul agent a été sanctionné pour des comportements racistes ces dernières années. En 2012, l’un d’eux avait porté des coup à voleur dans la gare. Il a été retiré du service pour être muté dans une autre direction, explique-t-elle. Quand aux autres accusations, la SNCF juge qu’elles sont peu fondées et difficile à utiliser pour justifier des sanctions.

Des précédents dans le Val d'Oise. Les soupçons de cellule de la Sûreté Générale noyautées par l’extrême droite ne sont pas nouveaux. Déjà entre 2005 et 2011, la SuGe de Goussainville dans le Val-d’Oise avait par exemple été pointée du doigt par l’un de ses membres, Alain, d’origine africaine, qui se plaignait d’être régulièrement insulté.

Ce dernier avait finalement été muté et ce n’est qu’au prix d’un procès aux Prud’hommes qu’il avait réussi à faire reconnaître son préjudice moral. Il est depuis toujours en arrêt dans le cadre d’une maladie professionnelle. Mardi, il se rend à l’Elysée pour tenter de plaider sa cause auprès du président de la République selon les informations d’Europe 1. Les victimes d’actes racistes au sein de la SNCF se mobilisent en tout cas, une association les regroupant devant bientôt voir le jour.