Sollacaro "a sans doute fâché quelqu'un"

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avec Nicolas Poincaré et Alain Acco
LE POINT DE VUE DE - Alix Deniger est un ancien policier des RG, fin connaisseur du milieu corse.

Après l'assassinat d'Antoine Sollacaro, un avocat corse réputé, les interrogations persistent sur les raisons du crime. Les enquêteurs semblent privilégier la piste du grand banditisme. Alix Deniger, un ancien policier de la Direction Centrale des Renseignements Généraux qui a longtemps travaillé sur le milieu corse, revient sur ce meurtre.

Etes-vous surpris par cet assassinat ? Bien sûr. Antoine Sollacaro était une personnalité très en vue. On parle beaucoup d'avoir franchi une ligne, mais je citerais toutes les lignes qui ont déjà été franchies en Corse. Sans remonter trop loin, on a l'assassinat du préfet Erignac, l'assassinat de certaines figures politico-économiques, des personnalités locales qui ont payé de leur vie une partie de leurs activités, quelles soient publiques ou un peu occultes. Dans ses multiples activités ou dans les clients qu'il a croisés, Antoine Sollacaro a sans doute fâché quelqu'un. En Corse, le pardon est difficile.

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L'implication d'Antoine Sollacaro dans la défense d'Yvan Colonna est-elle en cause ? La piste nationaliste me semble la moins probable à l'heure actuelle. Le simple bon sens me fait dire que si ça avait dû être fait, ça aurait été fait depuis longtemps. L'épidémie de "plombémie" est typique d'une guerre de succession pour reprendre les empires de la Brise de mer [un gang qui a régné sur le nord de la Corse, ndlr] et celui de Jean-Jé Colonna [qualifié de "seul véritable parrain", mort en 2006 dans un accident, ndlr].

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Comment se passe le travail des RG sur place ? La difficulté n'est pas tant dans la technicité de la filature mais surtout de passer inaperçu. La nature même de cette société avec des petits villages, deux petites villes, fait que les gens se connaissent tous. Il faut donc s'intégrer dans la vie locale et donner l'impression qu'on est là pour de bonnes raisons. On travaille, on va faire ses courses, on se balade. Il ne faut surtout pas donner l'impression qu'on est des policiers en planque dans une voiture en train de surveiller quelqu'un.