Sokalique : condamnés oui, mais absents

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Frédéric Frangeul , modifié à
Deux marins, jugés pour un naufrage mortel, ont écopé mardi de peines de prison ferme.

Le jugement. Ils avaient été jugés en novembre pour homicide involontaire, délit de fuite et non-assistance à personne en danger après la mort Bernard Jobard, le patron du Sokalique, qui avait péri durant le naufrage. Le capitaine et le second de l'Ocean Jasper, un cargo impliqué en 2007 dans le naufrage du Sokalique, au large de l’île d’Ouessant, ont été condamnés mardi à respectivement quatre et trois ans de prison ferme.

Une collision mortelle. Dans la nuit du 17 août 2007, le Sokalique, un caseyeur de 19,5 mètres immatriculé à Morlaix, qui se trouvait dans les eaux internationales avait été éperonné par l'Ocean Jasper, un vraquier de 81 m de long, avant de couler. Selon l'enquête, le bateau breton était prioritaire et le cargo aurait dû manoeuvrer pour éviter l'abordage.

Après la collision, les six membres d'équipage du Sokalique avait pris place dans un radeau de survie, tandis que Bernard Jobard, était resté à bord pour envoyer des messages de détresse avant de périr noyé. L'Ocean Jasper avait lui poursuivi sa route sans s'arrêter, ni alerter les secours.

ocean jasper cargo qui a fait couler le sokalique MAXPPP 930620

A la suite du naufrage, le président de l'époque, Nicolas Sarkozy, venu assister aux obsèques de Bernard Jobard, s'était engagé à ce qu'un procès se tienne en France et non dans l'état du pavillon du navire, les îles Kiribati, comme le prévoit la réglementation internationale. Mais, pour la famille de Bernard Jobard, à l'heure des condamnations, le compte n'y est pas.

Les condamnés absents. Rafik Agaev et Aziz Mirzoyev, les deux Azerbaïdjanais condamnés, n'étaient pas présents à l'audience du tribunal de Brest. Ils font toujours l'objet d'un mandat d'arrêt international. Seule satisfaction pour la famille : les deux officiers du cargo ont également été frappés d'une interdiction à vie de commander un navire de commerce.

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Pas de prison pour l’armateur. Autre "absent" de ce procès : Mehmet Gomuc, l'armateur turc du cargo immatriculé dans les îles Kiribati, un archipel de l'océan pacifique. Poursuivi en tant que personne morale, et alors qu'une amende de 300.000 euros avait été requise, il a été relaxé. L'armateur a toutefois été condamné à payer, solidairement avec le commandant et le second du cargo, une amende de 60.000 euros à la veuve de la victime du naufrage et à ses trois filles.

Un jugement qui ne satisfait pas pleinement la veuve de Bernard Jobard. La veuve du patron-pêcheur décédé durant le naufrage, a regretté l’absence de condamnation contre l’armateur. "Ça n'est pas cher payé", a estimé Yvette Jobard, filmée par Le Télégramme.

"Ça n'est pas cher payé" :

                                                                                               

"Il s’est retranché derrière le commandant et le second", a poursuivi la veuve du patron-pêcheur.