Qui es-tu "medicane" ?

Le phénomène qui a frappé le sud-est de la france s'est formée au large, avec la combinaise d'air froid en altitude et d'une mer trop chaude.
Le phénomène qui a frappé le sud-est de la france s'est formée au large, avec la combinaise d'air froid en altitude et d'une mer trop chaude. © REUTERS
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avec Emmanuel Renard , modifié à
Les intempéries dans le sud-est sont dues à un phénomène climatique proche du cyclone.

Pluies violentes et vents tempétueux. Le sud de la France est habitué aux automnes très humides. Mais ces derniers jours, les météorologues ont observé ce qu'ils appellent un "medicane". Ce phénomène climatique existe depuis une vingtaine d'années déjà, mais c'est la première fois qu'il touche si fort les côtes françaises.

Méditerranée + Hurricane = medicane

De l'air froid en altitude et la mer Méditerranée plus chaude en surface qu'à l'accoutumée, voilà les deux ingrédients pour la formation d'un cyclone. Medicane est d'ailleurs la contraction de "Méditerranée" et "Hurricane" (ouragan, en anglais). Sur la Côte d'Azur, notamment sur l'île de Porquerolles, les vents ont ainsi atteint les 150 km/h mercredi.

Et les météorologues avertissent : il va falloir s'habituer à ces phénomènes exceptionnels. "Ces intensités extrêmes ne peuvent, pour le moment, que causer des dégâts", prévient Emmanuel Wesolek, qui dirige l'Observatoire français des tornades. Les spécialistes ont appris à mesurer les medicanes et autant que possible à les anticiper. Mais les délais sont assez courts : "la prévision fine s'établit dans les 12 à 24 heures qui précèdent" l'événement, indique Emmanuel Wesolek.

Un phénomène difficilement prévisible

Il y a deux semaines, une tornade s'est ainsi formée en quelques heures seulement à Sanary-sur-Mer, dévastant une rue entière. Il était donc impossible de la prévoir et d'évacuer préventivement les riverains. Bilan : 50 maison endommagées, des toits arrachés et des arbres centenaires déracinés.

Les pouvoirs publics doivent désormais s'adapter à ces nouveaux phénomènes climatiques.  Très au point sur la prévention et la réaction aux incendies dans le sud-est, les autorités ont compris que ces intempéries ne sont désormais plus un problème ponctuel ou exceptionnel mais bel et bien un phénomène nouveau, sans doute récurrent. Et qu'il faut prendre en compte concrètement.

Une formation proposée aux élus et fonctionnaires

Une fondation spécialisée a d'ailleurs déjà réuni une batterie d'experts. Elle propose une toute nouvelle formation aux maires de villages, aux agents des conseils généraux, aux fonctionnaires des préfectures, pour faire face à ces nouveaux phénomènes climatiques. "C’est vrai que c’est de la stupeur à chaque fois, qui choque les populations. C’est peut-être une connaissance insuffisante de leur occurrence, de la manière de s’en prémunir", réagit Alain Verdeaux, ancien commissaire général de la marine, qui pilotera la formation. "Mais quand on voit des plagistes qui construisent du dur sur le littoral, il faut se poser la question : est-ce qu’on peut donner des autorisations d’occupation temporaire, sachant que les événements naturels pourront venir bouleverser ces autorisations ?"

Vingt-sept communes du littoral varois viennent de recevoir une proposition de formation pour bien leur faire comprendre les enjeux économiques, la réalité financière qui existe après chaque passage d’un medicane. Les assureurs sont également conviés autour de la table.