Prothèses PIP : le casse-tête du retrait

Le groupe de travail de l'Institut national du cancer doit se réunir le 23 décembre pour décider des modalités de retrait de ces prothèses.
Le groupe de travail de l'Institut national du cancer doit se réunir le 23 décembre pour décider des modalités de retrait de ces prothèses. © MAX PPP
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Europe1.fr fait le point sur la décision sur les implants PIP. 30.000 patientes sont concernées.

La décision est inédite mais sera longue à mettre en place. La Direction générale de la santé et l'Institut national du cancer ont décidé de retirer les prothèses PIP aux femmes porteuses de ces implants défectueux. Le groupe de travail de l'Institut national du cancer doit se réunir le 23 décembre pour décider des modalités de retrait de ces prothèses. Qui est concerné ? Les patientes vont-elles être remboursées ? Quand ces retraits vont-ils être effectués ? Europe1.fr fait le point sur une initiative inédite en France.

Qui est concerné par ces retraits ? Près de 30.000 femmes en France portent ces prothèses défaillantes composées de gel silicone frauduleux destiné à un usage industriel et non pas médical. Ces prothèses mammaires ont d'ailleurs été retirées de la vente en 2010 en raison de rupture fréquente.

Au total, huit cas de tumeurs du sein ont été signalés et 2.000 femmes ont porté plainte contre la société varoise PIP. Une enquête pour "homicide involontaire" a été ouverte récemment après le mort d'une femme porteuse de ces implants. Une autre patiente est décédée début décembre. Sa famille a également porté plainte pour homicide involontaire.

Comment contacter toutes les patientes ? Le comité de suivi recense actuellement tous les cas de cancers survenus chez des femmes ayant eu des implants PIP. Les autorités ont également demandé aux praticiens de recontacter les femmes qu'ils ont opérées. "Les chirurgiens, qui sont des gens responsables, ont déjà commencé, il y a plusieurs mois, à reconvoquer leurs patientes et à leur proposer de changer leurs prothèses", assure Laurent Lantieri, chirurgien et membre du comité de suivi, interrogé par Europe 1.

Problème : "des femmes ont été opérées par des praticiens non diplômés. Et puis, il y a tout un groupe de patientes qui sont dans la nature", soulève le spécialiste. Dans la majorité des cas, les patientes possèdent toutefois une carte d'identification de leurs prothèses, reçue à la suite de leur opération. Les patientes porteuses de prothèses PIP sont invitées à se signaler au Numéro Vert : 0800 636 636. Déjà plus de 5.000 appels ont été recensés en moins de deux semaines.

Qui va prendre en charge le coût des opérations ? La Direction générale de la santé assure que "toutes les femmes porteuses d’implants PIP seront remboursées de leurs frais médicaux et chirurgicaux liés à l’explantation". Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement a d'ailleurs confirmé l'information mardi matin. "S'il s'agit d'une urgence sanitaire et de santé publique la réopération à la charge de la sécurité sociale", a-t-elle assuré.

Toutefois, la pose d'une nouvelle prothèse ne sera pas assurée en cas d'opération pour raison esthétique. Les femmes qui relèvent d'une chirurgie réparatrice après un cancer du sein seront quant à elles remboursées. Pour 80% des patientes, il s'agit de motivations esthétiques. Les 20% restantes se sont fait opérer à titre de reconstruction après un cancer du sein. Par ailleurs, une opération pour raison esthétique peut atteindre 8.000 euros dans un établissement privé contre 600 euros en moyenne dans un établissement public.

Ces explantations seront prises en charge par la Sécurité sociale. "Donc c'est tout le monde. Si ce n'est pas la Sécurité sociale, ça ne peut être personne d'autre. Malheureusement, la société ne pourra pas rembourser ou indemniser puisqu'elle a été liquidée. C’est forcément les Français qui vont devoir indemniser", a commenté Me Philippe Courtois, avocat au barreau de Bordeaux et membre de l'association des porteuses de prothèses mammaires PIP interrogé par Europe 1.

Quand ces explantations auront lieu ? L'urgence est avant tout de retrouver et d'alerter l'ensemble des patientes. Les opérations devraient intervenir en 2012. "Idéalement, il faudrait que l'on puisse changer ces prothèses dans le courant de l'année 2012. Il n'y a pas d'urgence, ces patientes ne sont pas en danger de mort immédiatement. Simplement, on sait qu'avec le temps, le risque de rupture est de plus en plus présent", explique le chirurgien Laurent Lantieri au micro d'Europe 1.

L'opération de 30.000 femmes sur une période si courte semble être une décision bien ambitieuse. "C'est un challenge extraordinaire pour tout le corps médical", a déclaré confiant le docteur Dominique Michel Courtois, de l'association des victimes des femmes porteuses de prothèse PIP. Il y a eu à ce jour 523 explantations de ces prothèses, soit à peine 2% de femmes porteuses d'implants de type PIP.