Procès sous tension d'un gitan

La mort du gitan avait provoqué plusieurs jours de violence à Saint-Aignan.
La mort du gitan avait provoqué plusieurs jours de violence à Saint-Aignan. © MAXPPP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Il avait forcé un barrage routier à l'été 2010, point de départ de violences dans la région.

C'est l'épilogue judiciaire d'un drame qui avait entraîné des violences à Saint-Aignan, dans le Loir-et-Cher, et un tour de vis sécuritaire au plus haut sommet de l'Etat à l'été 2010. Miguel Duquenet comparaît mardi à Blois pour avoir refusé d'obtempérer à un barrage de gendarmerie. A ses côtés dans le véhicule, son cousin, soupçonné d'être l'auteur d'un vol, avait été tué par un gendarme. La mort de ce jeune gitan avait provoqué un vif émoi et une vague de violence dans la région.

Vol et fuite en voiture

Cette affaire avait commencé par un banal vol d'un billet de 20 euros à un adolescent à Onzain, le 16 juillet vers 20 heures. Les gendarmes retrouvent rapidement devant un bar les auteurs présumés du vol, Luigi et Alexandre Moreau, tous deux alcoolisés. Luigi prend la fuite au volant d'une vieille Renault. Alors qu'un gendarme s'interpose, le jeune homme fonce. Le militaire se retrouve à plat ventre sur le capot sur plusieurs centaines de mètres, avant de lâcher prise et de chuter.

La gendarmerie lance alors un plan "Filet Bleu" pour retrouver la voiture. Une patrouille la repère peu après et la suit à distance sur plusieurs kilomètres. Vers 22 heures, la Renault se retrouve face à un barrage des gendarmes. Entre-temps, Luigi a cédé le volant à son cousin Miguel, qu'il avait embarqué en chemin. Aucun des deux ne possède le permis de conduire.

Deux coups de feu, dont un mortel

Face au barrage, Miguel ralentit. Mais arrivé à hauteur des gendarmes, il accélère en arrivant, à une vitesse à peine supérieure à 10 km/h, selon l'expertise. Les gendarmes tirent deux coups, l'un touche le moteur, l'autre blesse Luigi au thorax. Il décède peu après.

Miguel dira avoir ralenti pour s'arrêter, puis avoir paniqué en entendant les coups de feu et réaccéléré. Ce père de quatre enfants s'était rendu aux gendarmes quelques jours après les faits. Il est depuis toujours en détention provisoire.

"Un véritable acharnement judiciaire"

Les avocats de Miguel ont multiplié les demandes de remise en liberté. En vain, les juges faisant valoir son passé violent et sa personnalité imprévisible pour le maintenir en prison. "Mon client est victime d'un véritable acharnement judiciaire", s'est insurgé Me Jean-Claude Guidicelli, qui dénonce à l'envi un dossier "politique".

La mort de Luigi avait en effet entraîné quelques jours plus tard de violentes réactions de la communauté des gens du voyage. Plusieurs dizaines de ses membres s'en étaient pris à la gendarmerie de Saint-Aignan. Ces incidents avaient ensuite pris une dimension politique et entraîné une série de mesures sécuritaires prises par Nicolas Sarkozy, notamment lors du discours de Grenoble. Parmi les mesures les plus contestées : l'annonce du démantèlement des camps de Roms illégaux.