Procès : "l'Araignée" est de retour aux assises

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avec Frédéric Michel et AFP , modifié à
PROCÈS - Cet homme avait violé une femme, quelques mois seulement après être sorti de prison pour les mêmes faits.

Le procès. Il entrait chez ses victimes en escaladant les façades et en s'introduisant à l'intérieur par les fenêtres mal fermées. C'est ce qui lui a valu son surnom de "l'Araignée". Philippe Tolila est jugé à partir de jeudi par les assises du Haut-Rhin pour le viol d'une jeune femme de 22 ans, en janvier 2012. C'était quelques mois seulement après être sorti de prison, en conditionnelle, alors qu'il avait été condamné à perpétuité pour les mêmes faits. Aux policiers qui l'arrêtent, il dit avoir signé ce jour-là son arrêt de mort.

Violeur en série. Dans les années 1980, Philippe Tolila, alors âgé d'une vingtaine d'années, avait défrayé la chronique sous le sobriquet de "l'Araignée". Il pénétrait de nuit chez ses victimes sans jamais fracturer les portes, mais en escaladant la façade des immeubles, jusqu'à huit étages. Puis il surprenait les femmes dans leur sommeil, et les violait sous le menace d'un couteau. Philippe Tolila avait été condamné à la perpétuité en 1990 après avoir semé la panique entre 1985 et 1987, notamment à Biarritz et à Paris. Au moment de son arrestation, il s'était vanté d'avoir violé plus d'une centaine de femmes. Après plus de vingt ans de prison, il avait été libéré.

La prévention de la récidive en question. Près d'un quart de siècle plus tard, le nouveau procès de l'"Araignée" sera aussi, au-delà des faits, l'occasion d'évoquer la difficile prévention de la récidive, a dit l'avocat de la jeune victime mulhousienne, Me Hervé Kuony. "C'est naturellement un point qui va être évoqué, sous l'angle des différentes expertises", a reconnu l'avocat. Pour autant, "l'objet de ma plaidoirie ne sera pas forcément de dénoncer la défaillance d'un système", a dit Me Kuony, pour qui "on ne peut pas parler de scandale, mais de dysfonctionnements".

Pas de polémique. Du côté du parquet, on prend également soin de ne pas alimenter une polémique sur les circonstances de la libération de Philippe Tolila. "Tout a été vu dans ce dossier", observe Anaïs Riegert, substitut du procureur de Mulhouse, qui souligne que "la perpétuité réelle n'existe pas en France" et que "chacun doit pouvoir avoir la chance de se réinsérer, quoi qu'il ait fait". L'"Araignée", dont la condamnation à perpétuité était assortie d'une peine incompressible de 15 ans, avait passé 24 ans en détention au moment où il a bénéficié de cette mesure, a souligné la magistrate. "Il n'est sorti que lorsqu'une majorité d'expertises y étaient favorables", après le rejet de plusieurs demandes antérieures, et après avoir présenté "un projet de réinsertion concret et motivé", a-t-elle observé. "Il avait un emploi, un logement, il était soutenu par des associations, il avait tout pour prétendre à une réinsertion."