Procès Heaulme : les familles des victimes divisées

Les mères des deux victimes, pendant un reconstitution du crime, en 2006.
Les mères des deux victimes, pendant un reconstitution du crime, en 2006. © MAXPPP
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28 ans après le crime, les familles Beining et Beckrich ne sont plus sur la même longueur d'ondes.

L'info. Cela fait 28 ans qu'elles attendent de savoir qui a tué Cyril et Alexandre, 8 ans, le 28 septembre 1986 à Montigny-lès-Metz. Une éternité, entre condamnation, doute, réhabilitation et soupçons. Une éternité qui n'a pourtant pas entamé la pugnacité de Chantal Beining, la mère de Cyril, qui s'est battue pour obtenir le renvoi de Francis Heaulme devant les assises. Dans la famille d'Alexandre Beckrich, la seconde victime, on ne croit pas à la culpabilité du "Routard du crime". Elles ont été unies dans le malheur et pourtant les familles de Cyril et Alexandre arriveront en ordre dispersé lundi à la cour d'assises de Metz.

Le même polo que le jour de sa mort. Dans le salon de Chantal Beining trône une photo de Cyril, souriant, dans un polo rayé - le même qu'il portait le jour où il a été tué. La mère du petit garçon garde les coupures de presse relatives à l'affaire dans un dossier bleu. Désormais séparée du père de l'enfant qui n'a pas supporté de la voir s'enfermer dans son malheur, elle continue son combat pour retrouver le meurtrier de son fils.

"C'est grâce à moi". Alors quand en 2007, la justice conclut à un non-lieu à l'encontre de Francis Heaulme, Chantal Beining ne peut pas se résoudre à ne jamais savoir. Elle fait appel de la décision. "27 ans et demi après, ça fera mon quatrième procès. Oui, c'est grâce à moi. On verra ce que ça donne, avec Francis Heaulme", a-t-elle confié au magazine de France 2, Envoyé Spécial.

"Ce n'est pas Francis Heaulme". Mais pour la famille Beckrich, "ils font fausse route". En octobre 2012, Ginette Beckrich, la grand-mère d'Alexandre, assurait au micro d'Europe 1 être sûre de l'innocence du "Routard du crime". "C'est pas du tout Francis Heaulme, vous pouvez me croire. Il m'a dit 'madame Beckrich, sans cesse du matin au soir, les policiers sont après moi comme des abeilles pour me faire avouer. Mais ce n'est pas moi. Je suis un tueur, je le sais, mais je n'ai pas tué les enfants'", clamait-elle alors. "C'est un tueur, qu'est ce que cela lui coûterait de dire qu'il a tué ces gosses. Mais il m'a dit qu'il ne pouvait pas se mettre sur les mains d'avoir tué ces enfants".

Lundi, Chantal Beining et son avocate, Me Dominique Boh-Petit, soutiendront l'accusation. Pas les Beckrich, qui ne voulaient pas de ce procès. Pas sûr que les familles s'assoient ensemble.

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