Prison : polémique autour de "la cantine"

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Assiya Hamza avec Guillaume Biet , modifié à
Depuis une réforme, 200 produits sont vendus moins cher aux détenus que dans le commerce.

En prison, on l'appelle "la cantine". C’est là que les détenus peuvent acheter de quoi améliorer leur quotidien, de la nourriture, des produits d’hygiène et à des tarifs bien plus avantageux que dans les commerces, rapporte Le Parisien.  Ce qui suscite une polémique.

En juillet 2010, la Cour des comptes avait épinglé l'Etat pour les marges faites sur les produits mais aussi entre les différents établissements pénitentiaires, parfois jusqu'à 50% précise le quotidien. Face à ces aberrations, l’Etat a donc décider de bloquer le prix de 200 produits de première nécessité, désormais vendus bien moins chers que dans les supermarchés. Conséquence, désormais certains détenus essayent de faire passer de la nourriture à leurs familles.

Une source de "tensions"

"L’administration pénitentiaire achète un paquet de spaghettis de 500 grammes 1,34 euro et elle le revend aux détenus à 0,36 euro", précise au micro d'Europe 1, le délégué régional adjoint du syndicat Ufap-Unsa dans le Grand-Est Pascal Schreck. "Par le biais du parloir dans le temps, les familles tentaient de faire pénétrer de la nourriture dans des sacs de linge. Aujourd’hui, on arrive à la situation inverse. Les détenus tentent, en sortant le linge, de mettre de la nourriture dans ces sacs. Bien entendu, c’est interdit. Ça crée des situations de tensions", déplore-t-il.

Pas de "vente à perte"

Certains surveillants et leurs familles sont choqués de voir les détenus acheter les produits bien moins chers qu’eux. Pour autant, ces denrées ne sont pas vendues à perte. "Effectivement, certains surveillants ont pu être surpris", souligne Francis Le Gallou, sous directeur en charge des soutiens à l’administration pénitentiaire. "Néanmoins, ils savent aussi que l’ensemble de produits cantinés par les détenus ne sont pas vendus à perte. D’autre part, les détenus n’ont pas la possibilité de ‘faire jouer la concurrence’", ajoute Francis Le Gallou.

Bientôt des prix coûtants

De son côté, l'administration pénitentiaire explique que ces tarifs bas sont "le fruit d'une volonté politique mais aussi le résultat d'achats groupés au niveau national qui permettent de les négocier au mieux", peut-on lire dans Le Parisien. Coût de cette politique ? Environ 20 millions d'euros par an, estime l'Ufap, soit 296,68 euros par an et par détenu. Une estimation que conteste l'administration. Le budget s’équilibrerait sur les prix d’autres produits. Cependant, selon les informations d’Europe 1, l’administration pénitentiaire envisage d’harmoniser le système et de vendre aux détenus tous les produits à prix coûtants.