Prison : les détenus maltraités en Isère

Des surveillants de la prison de Saint-Quentin-Fallavier ont perpétré des maltraitances répétées sur des détenus, dénoncées par un rapport de l'OIP.
Des surveillants de la prison de Saint-Quentin-Fallavier ont perpétré des maltraitances répétées sur des détenus, dénoncées par un rapport de l'OIP. © OIP
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Frédéric Frangeul avec Ariane Lavrilleux , modifié à
Des violences ont été perpétrées par des surveillants sur des détenus à la prison de Saint-Quentin-Fallavier.

L’INFO. Coups de poing et de pied, fractures du nez, traumatisme crânien : l'Observatoire International des Prisons a révélé jeudi des violences commises par des surveillants à la prison de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, en 2009 et 2010 . Il dénonce "le silence des autorités" après une nouvelle affaire, éclatée cette fois au printemps dernier. Suite à ces faits, trois membres du personnel de cette prison vont passer en conseil de discipline, selon les informations d’Europe 1.

Des dysfonctionnement connus. Dès mars 2011, un rapport confidentiel de l'Inspection des services pénitentiaires (ISP), avait mis en cause 13 personnels, dont quatre membres de l'équipe de direction de l'époque, remplacée en septembre 2011. A l'époque des faits, "au moins sept" cas avaient été signalés au parquet selon l'OIP, mais un seul avait donné lieu à une information judiciaire et à la condamnation d'un surveillant à une peine de trois mois de prison avec sursis. Les surveillants mis en cause avaient reçu "de simples lettres d'observation" et "un blâme" pour le chef de détention. 

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Des maltraitances.  Sur 20 détenus entendus par l'ISP, 17 ont fait état de violences physiques entre avril 2009 et juillet 2010. Dans quatre cas, leurs allégations ont été attestées par des certificats médicaux.  Les témoignages de détenus, certifiés par des médecins et d'autres témoins évoquent des coups, des tentatives "d'étranglement", "un coup de boule", "du sang partout". Au quartier disciplinaire du centre pénitentiaire, les inspecteurs de l'ISP avaient aussi relevé la pratique "habituelle" de laisser un détenu en caleçon dans la cour de promenade.

Un système clanique. De l'organisation de l'établissement et l'ambiance qui y régnait au moment des faits, les inspecteurs dressaient un tableau inquiétant. Au moment de l'inspection, le chef de détention, visé à deux reprises pour maltraitances, admettait avoir placé sur écoutes son supérieur hiérarchique. L'ISP évoquait dans son rapport un "système clanique".  

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Inertie des autorités. "Ce qui gêne vraiment l'OIP, c'est que l'administration pénitentiaire savait et n'a rien fait", a souligné Me Sylvain Gauché, représentant de l'observatoire. "Ni la hiérarchie pénitentiaire, ni les autorités judiciaires n'auront su intervenir en urgence pour faire cesser des traitements dégradants", déplore l'OIP, pour qui l'absence "réitérée" de comptes rendus par le directeur "amène à conclure (que celui-ci) a bien eu connaissance de dysfonctionnements".

Une inspection accrue des surveillants. Après les révélations de l'OIP, le Défenseur des droits a indiqué jeudi avoir subi des entraves de l'administration pénitentiaire dans une enquête de ses services sur ces mêmes faits de maltraitance, dont il avait été saisi en juin 2010. Interrogés par Europe 1, les services du ministère de la Justice e contentent de souligner que, depuis deux mois, une inspection départementale a été mis en place pour veiller à la bonne application des règles de surveillance dans les prisons.  

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