Pradaxa : comment réagir après les plaintes ?

L'anticoagulant Pradaxa fait l'objet de plaintes de familles de personnes décédées.
L'anticoagulant Pradaxa fait l'objet de plaintes de familles de personnes décédées. © MaxPPP
  • Copié
avec agences , modifié à
CONSEILS - Quatre plaintes ont été déposées contre le médicament. Comment doivent réagir les patients ?

Les plaintes. Les patients doivent-ils arrêter de prendre le Pradaxa ? Non, répond sans hésiter l'Agence de santé du médicament. Pourtant, cet anticoagulant a fait l'objet mercredi de plaintes de la part de quatre familles, après le décès de personnes âgées qui en prenaient. Les plaignants visent aussi l'ANSM, à qui il est notamment reproché d'avoir méconnu les principes de précaution et de prévention.

>> En quoi ce médicament est dangereux ? Comment doivent réagir les patients ? Éléments de réponse.

08.10 medicament, anticoagulant, pradaxa 930620

© Max PPP

Des risques, et pas d'antidote. S'il n'est pas encore prouvé que les quatre décès cités par les plaintes soient dus au Pradaxa, ses risques pour la santé sont tout de même connus. L'anticoagulant, prescrit pour empêcher la formation de caillots de sang après un AVC, une embolie ou encore un infarctus, peut aussi provoquer des hémorragies… comme beaucoup d'autres anticoagulants. Mais la différence, c'est que le Pradaxa, commercialisé en France depuis cinq ans par le laboratoire pharmaceutique allemand Boehringer Ingelheim, ne dispose pas d'antidote. Pour les autres, comme le Previscan, moins confortable mais aussi moins dangereux, il existe un remède à injecter en cas d'hémorragie.

L'ANSM surveille... Certains médecins biologistes n'hésitent pas à parler déjà de potentielle nouvelle affaire Mediator. Plusieurs d'entre eux, dont le syndicat des jeunes biologistes médicaux, ont écrit, fin septembre, à la ministre de la Santé Marisol Touraine pour l'alerter. L'Agence nationale du médicament, chargée de contrôler la sécurité de tous les produits pharmaceutique, a elle-même envoyé une lettre aux médecins, les prévenant d'être particulièrement vigilants sur les effets indésirables du Pradaxa. Et elle s'engage à en contrôler le volume des ventes. L'absence d'antidote est "préoccupante en cas de surdosage ou de nécessité d'un geste chirurgical en urgence", reconnaît-elle.

… Mais elle déconseille d'arrêter le traitement. Pourtant, l'Agence recommande aux patients de ne surtout pas arrêter le médicament. Elle rappelle ainsi "l'importance des traitements anticoagulants et demande à tous les patients de ne pas interrompre leur traitement et en cas de doute de consulter leur médecin". "L'ANSM assume avec la Commission Européenne, qui délivre l'autorisation de mise sur le marché des médicaments, un rapport bénéfice/risque favorable avec tous les anticoagulants, y compris avec les nouveaux anticoagulants oraux (dits "NACO"), dont fait partie le Pradaxa, sous réserve d'un bon usage adapté à chaque patient", ajoute-t-on à l'ANSM. "Il ne faut pas céder à la panique", renchérit également le médecin et chroniqueur d'Europe1, Jean-François Lemoine.

Attention aux personnes âgées. "En aucune manière, les gens qui sont sous Pradaxa ne doivent arrêter leur traitement. Ce qu'ils doivent faire, c'est de vérifier avec leur médecin s'il n'y a pas un risque pour eux dans la prescription de ce produit là", conseille Me Courtois lui-même, l'avocat des plaignants, au micro d'Europe 1. Ce dernier prévient toutefois : les personnes âgées doivent redoubler de vigilance. Les seniors "sont très peu représentés dans les études, alors que ce sont eux qui sont le plus exposés", insiste l'avocat. La molécule "n'a pas été assez étudiée, notamment chez les patients les plus fragiles".