Parents : tous égaux devant le divorce ?

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avec Martin Feneau , modifié à
DÉCRYPTAGE- La crise nantaise a mis en lumière un véritable débat sur la gestion de l’après-divorce.

Deux activistes de la défense des droits des pères ont investi les grues géantes des anciens chantiers navals de Nantes pour en faire une tribune. Leur combat ? Etre mieux pris en compte par la justice lorsque celle-ci doit gérer la garde d’un enfant après un divorce. Le sentiment d’injustice est en effet tenace chez les pères divorcés. Mais est-il justifié ?
>> A lire  : Le père retranché veut une nouvelle loi

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• Un reproche : une justice "totalement inégalitaire". Si ce père nantais a rapidement recueilli le soutien d’autres pères divorcés, c’est parce que ces derniers estiment être victimes d’une inégalité de traitement. Une tendance que confirme l’avocat Me Michel Apelbaum , qui s’est souvent entendu dire "Non monsieur, on ne retire pas un enfant à sa mère". "C’est une phrase qui est terrible parce qu’elle semble sortir d’un roman du siècle dernier, ou même celui d’avant encore. Un père aujourd’hui, ce n’est pas un simple géniteur, un simple donneur de sperme", a-t-il témoigné sur Europe 1. "J’ai déjà vu des situations où le magistrat laissait la résidence de l’enfant chez la mère parce qu’il estimait que la mère était fragile et qu’elle avait besoin de son enfant. Jamais je n’ai vu de décision où on augmenté le droit du père parce qu’on le sentait fragile. C’est là où c’est totalement inégalitaire", a ajouté l'avocat.

Pour les juges, "les mamans sont plus disponibles". Pointés du doigt, notamment par l'association SOS Papa, les magistrats se justifient, à l’image de la juge Elise Yamani : "généralement, les mamans sont plus disponibles que les papas et la meilleure solution dans l’intérêt de l’enfant, c’est aussi une organisation pratique. Donc le critère de disponibilité est plutôt du côté de la maman". Leurs détracteurs avancent une autre explication : plus de 90% des juges aux affaires familiales sont des femmes.

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Des chiffres : 72% des enfants gardés par leur mère. Au-delà des témoignages et des reproches, un constat s’impose : dans 72,1% des divorces, la garde des enfants revient à la mère, selon des statistiques du ministère de la Justice datant de 2010. 7,4% des enfants résident principalement chez leur père et 20% sont en "résidence alternée", un mode de garde de plus en plus fréquent.

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Une piste : la médiation.Invitée d’Europe 1, Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la Famille, a reconnu que "notre système en France manque d'un véritable système de médiation familiale". Et cette dernière d’ajouter : "au Québec, c'est quelque chose qui fonctionne. En France, seuls 4 à 8% des divorces ont fait l'objet d'une médiation. On peut se demander si c'est le système qui fait que l'on arrive à des relations très conflictuelles qui peuvent conduire jusqu'à ce type de situation". Ce système consiste à entamer une négociation avant de le passage devant le juge, via les avocats de chaque parent. L’occasion de déminer certains sujets, voire même de trouver un accord.
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