Os retrouvés à Antibes : les analyses ADN contredites

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Frédéric Frangeul avec AFP
REBONDISSEMENT - L’ADN retrouvé n’appartient pas à Stéphane Hirson, disparu depuis 1994. Explications.

L’INFO. "Finalement, l'ADN de l'os retrouvé à Antibes ne correspond pas à celui du jeune Hirson". Au grand dam de la famille de Stéphane Hirson, disparu en 1994 en Seine-et-Marne, la justice a annoncé lundi que de nouveaux tests ADN pratiqués sur un ossement retrouvé à Antibes montraient qu'il n'appartenait pas au jeune homme, contrairement à ce qu'elle avait indiqué en novembre. De quoi susciter l’ire de la famille.  "On repart à zéro, c'est la colère, toujours", notamment contre la justice et la police, a réagi Valérie Cormier Magraner, proche cousine du disparu. Cette fois "ils disent qu'ils sont sûrs, mais comment y croire?", s'est-elle demandé.

Comment un tel raté a-t-il été possible ? Pour expliquer ce retournement de situation, le procureur de la République de Grasse, Georges Gutierrez, a expliqué que de nouveaux tests ADN, pratiqués cette fois non seulement à partir de prélèvements effectués sur la mère mais aussi sur tous les membres de la famille, avaient donné des résultats différents des premières analyses. Celles-ci avaient à l’époque établi que l'ADN de l'humérus retrouvé en février dernier à Antibes correspondait à celui de la mère de Stéphane Hirson. Ce jeune homme, qui allait avoir 18 ans, avait quitté le domicile parental le 11 février 1994 à 7 heures pour rejoindre un ami à la gare de Meaux et aller à l'ANPE. Il n'est jamais arrivé au rendez-vous.

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Les résultats étaient pourtant fiables à 99.95%. Dans son rapport, l’expert cité par la justice soulignait en novembre que "la probabilité de maternité est supérieure à 99,95%. Il est donc vraisemblable que l'os objet du scellé n°4 provient d'un fils biologique" de Madame Hirson. L'expert avait toutefois ajouté "que ce rapprochement pouvait aussi être fortuit et qu'il convenait de procéder à des analyses ADN complémentaires", a souligné le procureur Georges Gutierrez."C'est sur la base de ces conclusions sans ambiguïté apparente que cette information a été donnée à la presse, d'abord par le procureur de la République de Meaux, où l'enquête sur la disparition du jeune homme était en cours, et ensuite par celui de Grasse, lieu de découverte des ossements", a expliqué le magistrat.

Les experts pointés du doigt. "Dans le domaine génétique, on a tendance à suivre les expertises judiciaires avec beaucoup de force. On imagine que c'est la reine des preuves alors qu'il faut continuer à être prudent", a analysé Georges Gutierrez. Se disant "désorienté" par ce rebondissement inattendu, il a par ailleurs estimé que l'expert judiciaire "aurait dû rédiger ses conclusions de façon différente" afin d'éliminer "toute ambiguïté". Quant aux conclusions qu'il tirait de cet épisode malheureux, le procureur a indiqué qu'il demanderait dorénavant aux experts "d'être plus clairs" dans leurs rapports.

Un fait "extrêmement rare". Dans cette affaire, les rapports d'expertise ont été rendus par Azur Génétique, laboratoire d'identification génétique dont l'activité est "consacrée aux réquisitions judiciaires dans les domaines pénal et civil", indique le site internet de cette société niçoise, qui existe depuis quatre ans. La direction de cet établissement que ce type de contradiction dans des analyses ADN successives était "extrêmement rare".