Ondes : le principe de précaution conforté

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L'Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail a conclu jeudi à l’incertitude des risques sanitaires liés aux ondes de radiofréquence.

Deux ans de travail, des centaines d’études compilées, une trentaine de personnes auditionnées, une campagne de mesures d'émissions autour des antenne-relais, le tout pour accoucher d’un rapport de 500 pages, et… d’une belle incertitude. L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset), a dévoilé jeudi son enquête sur les radiofréquences, domaine qui couvre aussi bien la téléphonie mobile et ses antennes, que le Wifi, le Wimax, les téléphones sans fil, les radios et autres micro-ondes. Principal enseignement de cette vaste enquête : il est impossible de trancher formellement sur la dangerosité des ondes électromagnétiques. Et donc le principe de précaution doit s'appliquer.

Si la majorité des études passées au crible par les experts tendent à démontrer une non-dangerosité des ondes, un petit nombre constate en revanche des effets notamment sur les fonctions cellulaires. L’Afsset estime donc que, même s'il n'y a pas de "démonstration probante" de l'existence d'effets autres que thermiques, des interrogations subsistent entre autres sur les effets sur le long terme. "On ne peut formellement montrer l'inexistence d'un risque", peut-on lire dans les conclusions du rapport.

En conséquence, l’Afsset recommande, "dans ce contexte incertain", de jouer la carte de la prudence. "Dès lors qu'une exposition environnementale peut être réduite, cette réduction doit être envisagée", estiment les experts. L’Agence suggère également l’utilisation de téléphones mobiles à faible DAS (Débit d'Absorption Spécifique, qui mesure le niveau de radiofréquences émis par le portable). Elle propose également l'abaissement des niveaux d'exposition dans les zones présentant les intensités les plus fortes, mais aussi la mutualisation des émetteurs, voire "l'usage modéré des technologies sans fil".

Des recommandations accueillies favorablement par les associations écologistes. "Ce rapport permet de mettre les politiques devant leur devoir : appliquer le principe de précaution", a estimé Arnaud Gossement, le porte-parole de France Nature environnement. Jean-Marie Danjou, le délégué général de l'Association française des opérateurs mobiles, a quant à lui jugé "important" le rapport de l'Afsset, estimant qu'il tenait compte des "inquiétudes" de la population.

Roselyne Bachelot, Chantal Jouanno et Nathalie Kosciusko-Morizet, respectivement ministres de la Santé, de l'Environnement et de l'Economie numérique, ont indiqué dans un communiqué que "l'ensemble des recommandations issues de ce rapport seront largement intégrées dans les actions actuellement en cours" et permettront d'"accélérer la dynamique" de la table ronde "radiofréquences, santé, environnement", surnommée Grenelle des ondes, dont le Comité de suivi doit être mis en place vendredi.