"On va très bien moralement"

Hervé Ghesquières et Stép^hane taponier, euphoriques à leur arrivée en France.
Hervé Ghesquières et Stép^hane taponier, euphoriques à leur arrivée en France. © REUTERS
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VIDEO - Les deux ex-otages ont montré un moral d’acier à leur arrivée en France.

Après 547 jours de silence, Hervé Ghesquières et Stéphane Taponier ont enfin pu livrer leurs premières impressions. C’est sur France 3, leur chaîne, que les deux journalistes ont d’abord prononcé leurs premiers mots d’hommes libres quelques minutes après être sortis de l’avion, accueillis par le président de la République, le ministre des affaires étrangères et le ministre de la Défense.

"Cela fait trois-quatre nuits que je ne dormais plus", a déclaré Hervé Ghesquières, visiblement euphorique. "Stéphane va bien aussi, heureusement qu’on était là tous les deux, super forts. C’est vraiment quelqu’un de super fort. " Pourtant, les deux journalistes n’ont pas passé leur année et demi de captivité ensemble. "Sur les 18 mois, j’ai passé 8 mois seuls, du 13 avril au 13 décembre 2010", précise le grand reporter. Et désormais, leur moral est au beau fixe. "On va très bien moralement, car on savait que ça allait bien se finir. On pouvait tenir encore", a assuré Stéphane Taponier, sur le tarmac de l'aéroport de Villacoublay, où une foule de journalistes attendait les deux hommes.

"On avait un moral d'acier" :

Car, ils l’assurent, Les deux ex-otages n’ont jamais craint pour leur vie. "On n’a jamais été maltraités, jamais menacés de mort, jamais frappés, jamais enchaînés", a déclaré Hervé Ghesquières sur le tarmac de l’aéroport de Villacoublay, devant une foule de journalistes. "On savait qu’on représentait quelque chose pour eux", a confirmé Stéphane Taponier. "On s’était dit dès le début qu’il fallait garder le moral. On a toujours gardé le cap, cet optimisme."

"On essayait de s'entretenir physiquement"

Pour autant, la vie quotidienne n’a pas été simple. "On était enfermés 23h45 sur 24, avec deux sorties pour aller aux toilettes, à l’aube et le soir", a raconté Hervé Ghesquières. "Et une nourriture non pas spécial otages mais spécial montagnes afghanes, donc pas grand-chose, et toujours la même chose. Ça parait bête, la nourriture, mais c’est vital. Et là, on ne pouvait pas s’accrocher à ça."

Pour tenir, une solution : s’organiser. "Il fallait structurer son temps, ne pas tomber dans l'ennui, dans le désespoir. On essayait de s’entretenir physiquement", a indiqué Hervé Ghesquières. "On a commencé dès le deuxième jour. Parce que dans une cellule de 10 m2, ça permet d’évacuer. Moi, je faisais trois quarts d’heure d’exercice, mais Stéphane, lui en faisait trois heures par jour. Je lui ai dit que les Jeux olympique, ça n’était que dans un an, qu’il avait le temps", a-t-il souri.

"Tant qu'on n'a pas eu les deux pieds dans la base..."

Et puis il y avait la radio, ce lien ténu avec l’extérieur. "Les messages de RFI, le jeudi, c’était très important dans notre bulle de non-vie", a déclaré Stéphane Taponier, qui a pu écouter la radio française tout au long de sa captivité. En revanche, Hervé Ghesquière, pendant sa séparation de huit mois, n’a capté que la BBC. "Or, la politique de la BBC est de ne jamais parler des otages, même britanniques, avant qu’ils soient libérés. Donc je n’ai aucune nouvelle jusqu’au 13 décembre", a-t-il raconté. Alors le journaliste s’est aussi réfugié dans l’écriture. "J’ai beaucoup écrit près de 500 feuilles. Mais ils m’ont tout piqué. Je savais qu’à terme, ça ne passerait pas la fouille."

Et les espoirs de libération ont été nombreux. D’où une certains prudence, les derniers jours avant leur libération. "On a fait une grande marche il y a deux jours pour rejoindre la vallée principale", a raconté Stéphane. "Et quand ils nous ont donné notre habit immaculé, blanc, on s’est dit qu’on pouvait y croire." "Cela faisait 15 mois qu’ils nous disaient que le jour de notre libération, ils nous offriraient l’habit traditionnel des talibans", a précisé Hervé. "Mais tant qu’on n’a pas eu les deux pieds dans le base française de Tagba, on se disait encore que tout pouvait se passer."

L'intégralité de leur conférence de presse :

Retour sur 547 jours de détention :