Nouvelle pilule : la prescription limitée

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Sophie Amsili avec Anne Le Gall et AFP , modifié à
Une décision française. L'Agence européenne du médicament estime, elle, que rien ne le justifie.

Une première décision en France... La ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé vendredi la mise en place d'un "dispositif" qui visera à limiter la prescription de la pilule contraceptive de troisième génération, accusée d'augmenter le risque d'accidents cardiovasculaires. La polémique a commencé mi-décembre lorsqu'une jeune femme, Marion Larat, a annoncé son intention de déposer plainte, convaincue que son AVC est liée à cette pilule.

Différemment dosés, ces contraceptifs étaient censés diminuer les effets secondaires des pilules de deuxième génération, comme la prise de poids et l'acné. Cependant, "aujourd'hui, nous considérons que la pilule de troisième génération n'apporte aucun avantage par rapport à la pilule de deuxième génération, c'est donc cela le message qu'il s'agit de faire passer", a déclaré Marisol Touraine. La ministre invite les femmes à reparler contraception avec leur gynécologue, précisant qu'il s'agit d'un principe de précaution et qu'il n'y a pas d'urgence à agir, encore moins à stopper net toute prise de pilule.

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.. en attendant l'Europe. Marisol Touraine a également demandé à l'Union européenne de limiter la prescription de ces pilules "à la seconde intention", c'est-à-dire en deuxième recours, lorsque la pilule de 2eme génération n'est pas adaptée. Problème : le premier signal venu de Bruxelles, au moment même des déclarations de la ministre, va à l'encontre des intentions de Paris : l'Agence européenne des médicaments (EMA) estime que rien ne justifie l'arrêt de l'utilisation des pilules de contraception, y compris celles de dernières générations. "Il n'y a actuellement aucune nouvelle preuve qui suggérerait un changement dans le profil de sécurité connu des pilules combinées commercialisées actuellement", écrit l'agence basée à Londres dans un communiqué.

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Les mesures déjà prises. En France, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a lancé la semaine dernière une concertation sur le sujet avec pour objectif de limiter la prescription des pilules contraceptives de dernières générations, accusées de provoquer des risques accrus de troubles emboliques veineux. Le gouvernement français a, de plus, décidé de ne plus rembourser ces pilules à partir du 31 mars.

Une femme française sous pilule sur deux, soit près de 2,5 millions de femmes, prend aujourd'hui une pilule de troisième génération. Sur les 27 dernières années, celle-ci aurait causé 300 accidents cardio-vasculaires dont 6 mortels.