Mise sous tutelle de Liliane Bettencourt

Une juge de Courbevoie a décidé le placement sous tutelle de Liliane Bettencourt.
Une juge de Courbevoie a décidé le placement sous tutelle de Liliane Bettencourt.
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Frédéric Frangeul avec Pierre Rancé et agences , modifié à
La fille de l'héritière de L'Oréal a exprimé son "soulagement" après la décision rendue lundi matin.

Une juge de Courbevoie a tranché lundi matin : Liliane Bettencourt doit être placée sous tutelle. Cette décision, nouvel épisode d'une longue bataille familiale, signifie que les biens et revenus de la milliardaire de 88 ans, notamment les 30% de parts qui lui donnent les droits de vote au conseil d'administration de L'Oréal, seront désormais gérés par Françoise Meyers-Bettencourt et ses enfants.

Concrètement, Liliane Bettencourt va être placée sous une double la tutelle, pour la gestion de ses biens, d'une part, et pour les questions liées à sa santé et son cadre de vie, d'autre part. La gestion de la fortune de Liliane Bettencourt est confiée à sa fille Françoise Meyers-Bettencourt tandis que la tutelle à la personne sera exercée par le petit fils aîné de la milliardaire, Jean-Victor Meyers, désigné pour prendre soin de sa grand-mère.

Pas de conséquence sur L'Oréal

Les avocats de Liliane Bettencourt ont décidé de faire appel de cette décision. Un recours qui ne suspend cependant pas l'exécution du jugement. Selon eux, cette mise sous tutelle risque d'être "très mal accueillie" par l'intéressée.

De leur côté, Françoise Bettencourt-Meyers et ses deux fils ont exprimé dans un communiqué leur "immense soulagement". Leur action a "toujours été guidée par l'unique volonté de voir leur mère et grand-mère protégée", indiquent-ils. Rappelant leur attachement profond à L'Oréal, Françoise Bettencourt-Meyers et ses enfants indiquent que "la décision rendue ne modifie en rien les accords conclus en 2004 entre la famille Bettencourt et Nestlé, et donc les équilibres de l'actionnariat et du conseil d'administration de L'Oréal".

"Alzheimer à un stade modérément sévère"

Pour rendre sa décision, la juge des tutelles de Courbevoie s'est notamment appuyée sur un rapport d'expertise médical dont le contenu a été révélé lundi par LeMonde.fr. Liliane Bettencourt souffrirait d'une "démence mixte" et d'"une maladie d'Alzheimer à un stade modérément sévère", avec "un processus dégénératif cérébral lent".

Ce rapport évoque un entretien réalisé par le neurologue Bruno Daunizeau, qui a jugé Liliane Bettencourt "incapable de répondre aux différentes questions des tests", et celui de Jean-François Dartigues, psychologue, qui note que la milliardaire souffre, à l'instar de Jacques Chirac, d'"une anosognosie".

La milliardaire ne partira pas à l'étranger

Dans une interview au Journal du dimanche, Liliane Bettencourt avait brandi la menace de partir "à l'étranger" si la décision rendue lundi devait la placer sous l'autorité de sa fille Françoise. "Si c'est cela, je pars à l'étranger. Si ma fille s’occupe de moi, j’étoufferai", avait-elle déclaré. Une menace d'exil qui ne sera cependant pas mise à exécution : les avocats de Liliane Bettencourt ont indiqué lundi matin qu'elle ne partirait pas à l'étranger.