Merah : l'enquête ne fait que commencer

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avec Pierre de Cossette et Fabienne Le Moal , modifié à
Les policiers doivent désormais déterminer si le suspect avait des complices.

L'heure est désormais à l'enquête. Malgré la mort de Mohamed Merah, tué lors de l'assaut du Raid dans son appartement toulousain jeudi, beaucoup de questions restent en suspens sur le suspect, notamment sur ses éventuels soutiens.

Depuis 48 heures, Mohamed Merah est décrit pas les enquêteurs comme un djihadiste solitaire, venu à l’islam radical tout seul, lors d’un passage en prison. Il serait passé deux fois en Afghanistan et au Pakistan, sans le moindre appui et en dehors de toute filière.

A-t-il préparé ces trois tueries tout seul ? Les enquêteurs de la PJ et du renseignement recherchent tous ceux qui ont pu inciter Mohamed Merah à commettre cette série d’assassinats. Les forces de police veulent également déterminer s'il a eu un soutien logistique pour l'hébergement, l'argent, voire les armes mais aussi pour se cacher ou dissimuler son scooter.

Une conversion religieuse en pleine dépression

A-t-il été conditionné mentalement ? Selon l'expert judiciaire Alain Pénin, qui avait expertisé le jeune homme en 2009 lors d'un séjour en prison, Mohamed Merah était solitaire et dépressif. "Au moment où je l'ai examiné, il a amorcé cette période dépressive et notamment cette conversion religieuse. Il commençait à lire le Coran, il mettait en place des éléments de référence qui lui faisaient défaut. Je préconisais donc une prise en charge psychothérapique en plus de sa dépression, mais surtout des mesures d'encadrement relativement strictes", se souvient le spécialiste.

Pour Farhad Khosrokhavar, directeur d'études à l’École des Hautes études en sciences sociales, estime que l’endoctrinement a changé depuis les années 90."Avant c’était explicite. On parlait du djihad, on parlait des armes contre l’Occident, contre un pays spécifique. Maintenant, ces formes là n’existent plus. Elles ont été réprimées", analyse le chercheur sur Europe 1. "Ce qui reste, c’est des groupes hyper fondamentalistes qui prônent une manière de revenir à l’islam des origines mythifiées qui peut pour certains jeunes impliquer le recours à la violence. A cela s’ajoute ce que l’on pourrait appeler des éléments émotionnels. Il y a un certain nombre de phénomènes qui peuvent pousser un individu vers des formes violentes d’action", conclut-il.

Durant leur travail, les enquêteurs pourront exploiter tout ce qu’a dit Mohamed Merah de manière informelle aux négociateurs du Raid. Il a affirmé qu’il avait acheté ses armes tout seul avec l’argent récolté lors de cambriolages.

"Toutes ses armes, il les a trouvées parce qu'il a expliqué qu'il avait commis des casses, des cambriolages qui lui avaient rapporté de l'argent, avec lequel il avait effectivement acheté des armes et des munitions", a précisé jeudi le procureur de Paris, François Molins.

L'entourage sous surveillance

Trois proches du suspect sont toujours en garde à vue : sa mère, son grand frère Abdelkader et la compagne de ce dernier. Les policiers ont retrouvé des explosifs dans la voiture de cette homme de 29 ans. Abdelkader est également soupçonné d’avoir déjà participé à une filière d’acheminement de djihadistes en Afghanistan.

Au delà des proches, reste la question des réseaux djihadistes. Une branche d’Al-Qaïda a revendiqué jeudi les sept assassinats. L'enquête devra donc déterminer si l’initiative était connue, peut-être soutenue par les réseaux djihadistes.