Maternité : des évolutions préoccupantes

L'âge moyen des mères s'élève à 29,7 ans en France. Il descend à 27,5 ans pour le premier enfant.
L'âge moyen des mères s'élève à 29,7 ans en France. Il descend à 27,5 ans pour le premier enfant. © MAXPPP
  • Copié
avec AFP
Les mères sont plus âgées et plus souvent en surcharge pondérale au moment de la naissance.

Les premiers résultats de l’enquête périnatale réalisée en 2010 montrent une évolution préoccupante du profil des mères au moment de la naissance, par rapport à l’enquête précédente, datant de 2003. L’étude, menée par la Direction générale de la santé et la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, et dont les premières conclusions ont été publiées jeudi, montre en effet que les femmes sont plus âgées et plus souvent en surcharge pondérale au moment de la naissance.

27,5 ans au premier enfant

Précisément, la proportion de naissances chez les femmes âgées de 35 ans et plus atteint désormais 19,2%, contre 15,9% en 2003, alors que l’âge moyen des mères s'élève à 29,7 ans. L'âge au premier enfant est stable depuis 2003, à  27,5 ans, mais l'âge moyen à la naissance des suivants continue à augmenter. Le report des naissances vers un âge maternel plus avancé est considéré comme une évolution défavorable, car il a une influence négative sur la fertilité et majore sensiblement les risques pour l'enfant et la mère.

L’autre évolution, également "préoccupante", n’est guère surprenante dans la mesure où elle reflète la situation de la population générale : 17,3% des femmes sont en surpoids avant leur grossesse et 9,9% souffrent d'obésité (contre 15,4% et 7,4% en 2003). "Pour l'enfant, ça a un impact fort en termes d'anomalies de croissance in utero, de mortalité foetale, mais aussi de troubles à très long terme: risque de surpoids, de troubles du métabolisme", relève la responsable de l'enquête, Béatrice Blondel. En outre, pendant la grossesse, les femmes sont plus exposées à des pathologies graves, tels que la pré-éclampsie ou le diabète.

Moins de fumeuses

L’étude montre tout de même des évolutions positives. Les mères ont ainsi un niveau de diplômes plus élevé et occupent des postes plus qualifiés que dans les enquêtes précédentes. "C'est associé à des comportements de prévention plus actifs, même si elles ont moins de temps pour s'occuper d'elles", souligne le Dr Blondel. Surtout, la consommation de tabac chez les futures mères est en diminution, alors que les femmes entre 15 et 49 ans ont, sur la même période, augmenté leur consommation. Ainsi, 17,1% des femmes fument au 3e trimestre de la grossesse contre 20,8% en 2003.

En ce qui concerne l’accouchement lui-même, le taux de césariennes, qui augmentait régulièrement, tend à se stabiliser (21%). Plus spectaculaire, la proportion d'épisiotomies a été réduite d'un tiers, à 45%, depuis 1998 pour la première naissance. "C'est un très bel exemple de changement de comportement en fonction de l'évolution des connaissances scientifiques", explique le Dr Blondel. "Mais ça pourrait être plus bas", ajoute-t-elle.

Enfin, le taux d'allaitement maternel à la maternité a continué de progresser, passant à 60% pour l'allaitement exclusif et 9% pour l'allaitement mixte.  Par ailleurs, la place des sages-femmes dans le suivi des grossesses s'affirme. En 2010, 39% des femmes ont consulté une sage-femme au moins une fois (27% en 2003). "C'est un changement énorme", assure Béatrice Blondel.

L'enquête a porté sur les naissances survenues entre le 15 et le 21 mars 2010 dans 553 maternités, publiques et privées, en métropole et dans trois départements d'outre-mer. Au total, 15.187 femmes et 15.418 enfants étaient concernés.