"Mariages chinois" : le maire de Tours mis en examen

Le sénateur-maire PS de Tours, Jean Germain.
Le sénateur-maire PS de Tours, Jean Germain. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Le socialiste Jean Germain est poursuivi pour "complicité passive" de "prise illégale d'intérêt" dans cette affaire pointant des irrégularités au sein de la mairie. 

L'INFO. Le voile se lève de plus en plus sur l'affaire des "mariages chinois" de Tours.  Jean Germain, le sénateur-maire de la ville, a été mis examen mercredi dans ce dossier entouré de malversations présumées survenues dans sa ville entre 2007 et 2011. L'annonce jeudi de ces poursuites entache un peu plus l'image de l'édile, à quelques mois des élections municipales, alors que Jean Germain a annoncé vouloir briguer un quatrième mandat.

Des "Noces romantiques en Touraine"… Ce dossier est celui des "Noces romantiques en Touraine".  Ce programme touristique permettait à  de jeunes Chinois de venir se marier symboliquement à Tours. Des unions célébrées par le maire, en écharpe tricolore. Organisés entre 2007 et 2011, ces mariages comprenaient différents temps forts comme la visite de la ville de Tours et de châteaux dans la région. Mais des irrégularités, soulignées par le Canard Enchaîné en 2011, ont été soulevées. Une information judiciaire a été ouverte et quatre personnes ont été mises en examen.

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…au doux parfum d'escroquerie.  Au cœur de l'affaire, figure une ancienne collaboratrice de Jean Germain, Lise Han. Originaire de Taïwan, spécialiste de la Chine, cette femme de 50 ans avait été recrutée en 2008 au cabinet du maire. Rémunérée 3.500 euros par mois, elle avait pour mission de s'occuper des relations avec la Chine et dirigeait un bureau appelé "France Chine". Or, l'organisation des mariages chinois était pilotée exclusivement, grâce à la mairie, par la société "Lotus Bleu" dont elle était à un moment la gérante. Elle en avait ensuite laissé la direction à son mari, Vien Loc Huynh. Mais la justice la soupçonne d'en avoir toujours exercé dans l'ombre la gérance. Lise Han a été mise en examen le 25 janvier 2013 pour "escroquerie", "prise illégale d'intérêt", et "recel de fonds publics". Elle est actuellement incarcérée, faute d'avoir pu régler le montant de sa caution. Son ancien mari, Marc Cheung, et son époux actuel ont quant à eux été mis en examen pour "complicité d'abus de biens sociaux".

Que reproche-t-on au maire ? Fin mai, la justice avait demandé la levée de l'immunité parlementaire de Jean Germain mais cette levée avait été refusée par le Sénat. Les magistrats ont tout de même décidé d'engager des poursuites contre l'élu. "Les juges ont estimé qu'à ce stade de l'information, il pouvait exister des charges leur permettant de soupçonner Jean Germain d'avoir été informé des faits de prise illégale d'intérêt commis par Mme Lise Han et l'ont, en conséquence, mis en examen pour complicité passive", a déclaré jeudi Me Tricaud, l'un des avocats du maire, dans un communiqué. Cette mesure est intervenue mercredi à l'issue d'une audition chez les trois juges d'instruction chargés de l'affaire, précise le texte.

Jean Germain "parfaitement serein". Deux autres personnes sont mises en examen dans le dossier : Jean-François Lemarchand le directeur de la société d'économie mixte en charge du tourisme, et François Lagière, directeur de cabinet du maire. Me Adrien Devonec, l'autre avocat de Jean Germain, a déclaré que celui-ci était "parfaitement serein car il conteste la réalité des infractions qui lui sont reprochées". "Il a pris acte du fait qu'il n'était pas contesté qu'aucun enrichissement personnel lui était reproché. Il s'étonne simplement du moment de cette mise en examen. Il a des doutes. Cela fait un long moment qu'il demande à être entendu. Et ça intervient à un moment qui, pour nous, n'est pas anodin", a regretté l'avocat.  Pour l'heure, Jean Germain lui-même n'a pas souhaité s'exprimer.