Les syndicats doublent la mise

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Europe1.fr (avec Olivier Samain) , modifié à
La journée de manifestation contre la réforme des retraites a mobilisé 2 millions de personnes.

Les syndicats sont en passe de réussir leur pari, mobiliser d'avantage pour espérer faire revenir le gouvernement sur certaines dispositions du projet de réforme des retraites. Près de deux millions de personnes ont manifesté jeudi à travers la France selon les syndicats, le ministère de l'Intérieur comptabilisant de son côté 797.000 manifestants.

"C'est largement plus de deux millions qui ont participé à cette action", s'est félicité la CGT, son secrétaire général Bernard Thibault jugeant que la mobilisation contre le projet gouvernemental de réforme des retraites est un "événement".

"Je note que la mobilisation est légèrement plus faible qu'en 2003", a pour sa part commenté le ministre du Travail Eric Woerth.

Forte mobilisation dans les défilés

Du nord au sud, la participation à plusieurs défilés matinaux a été largement supérieure à celle de la dernière journée d'action intersyndicale du 27 mai, mais inférieure au pic des manifestations de 2009 contre la crise. Vuvuzelas à la bouche, en clin d'œil à la Coupe du monde de football, les manifestants ont scandé dans les rues de France des "La retraite, on veut en profiter, alors faut pas y toucher", "Je veux revoir mes 60 ans", "A la une, à la deux, à la 62 et zou" ou encore "Moi aussi, je veux bien cumuler 13.000 euros et 6.000 euros de retraite".

A Paris, la journée de mobilisation sur les retraites a réuni jeudi entre 47.000 personnes selon la police et 130.000 selon la CGT, le 27 mai dernier ils étaient entre 22.000 et 90.000. A Marseille, où la mobilisation est traditionnellement forte, un cortège a rassemblé entre 14.500 et 120.000 personnes. Un défilé plus imposant que le 27 mai, où entre 12.000 et 80.000 personnes avaient manifesté sur le même thème. A Lyon, ce sont plus entre 11.000 et 25.000 personnes selon les sources qui ont protesté contre la réforme des retraites, une mobilisation bien plus importante qu'en mai, qui avait mobilisé entre 8.000 et 15.000 personnes. Le cortège niçois, quasiment identique à celui du 27 mai, a rassemblé entre 10.000 et 5.200 personnes. A Toulon, le rassemblement, qui a été plus important que celui du 27 mai, a réuni entre 16.000 et 6.800.

Deux fois plus de manifestants se sont mobilisés à Limoges par rapport à la dernière journée de mobilisation du 27 mai, avec entre 40.000 et 10.500 personnes. A Bayonne, ils étaient également deux fois plus nombreux à s'être mobilisés avec entre 12.200 et 9.500 manifestants. Même progression constatée à La Rochelle, où entre 9.500 et 7.500 personnes ont défilé. A Toulouse, entre 60.000 selon les syndicats et 19.000 personnes selon la police ont défilé sous un soleil de plomb, derrière une banderole "Public-Privé - Tous ensemble solidaires" et dans une ambiance bon enfant.

A Tours, les premières estimations donnaient entre 12.000 et 8.000 personnes, ce qui reste toutefois inférieur aux grandes mobilisations intersyndicales de 2009. Lors du dernier défilé de mai, ils étaient 4.500 à 5.000. Au Mans, les manifestants ont été entre 10.500 et 40.000 à défiler, soit le double lors de la dernière manifestation contre cette réforme des retraites, le 27 mai. Au Havre, la police a comptabilisé 10.000 manifestants et les syndicats 20.000, contre respectivement 6.500 et 15.000 en mai dernier.

Des chiffres en hausse

Les premiers taux de grévistes reflétaient aussi une mobilisation importante.

Dans la Fonction publique. 18,71% des agents de la fonction publique d'Etat, 13% de ceux de la fonction publique territoriale, et 12,5% de la fonction publique hospitalière, étaient en grève jeudi à la mi-journée, selon les chiffres du ministère de la Fonction publique. Ces taux sont supérieurs à ceux du 27 mai dernier, dernière journée de grève interprofessionnelle, où la mobilisation avait atteint à la mi-journée 11,6% de grévistes dans la fonction publique d'Etat, 7,5% dans la fonction publique territoriale, et 8,24% dans l'hospitalière. Dans l'Education nationale, y compris les agents administratifs, le taux de participation ce jeudi s'élève à 18,6 % contre 13,3% le 27 mai dernier.

Dans l'Education nationale. Les enseignants sont 31,9% à faire grève jeudi dans les écoles, selon les chiffres du ministère de l'Education nationale à la mi-journée. Selon une estimation du SNUipp-FSU (principal syndicat du primaire), traditionnellement supérieure à celle du gouvernement, il y a 52,5% des professeurs des écoles en grève. Dans le secondaire, le ministère a comptabilisé 10,3% de grévistes, dont 18,7% en collèges. Les lycées sont peu touchés du fait de l'organisation du baccalauréat.

Dans le primaire, il s'agit de la plus forte grève de l'année scolaire. Lors de la précédente plus forte mobilisation, le 23 mars, le nombre de grévistes avait atteint 29,8% de grévistes selon le ministère.

A la SNCF. La direction a annoncé 39,8% de grévistes, contre 46% pour la CGT. Un chiffre largement supérieur à la mobilisation du 27 mai dernier (respectivement 23,2% et 28%), mais aussi du 23 mars (28% et 32%), les deux dernières journées à l'appel de l'intersyndicale.

A la RATP. La direction a recensé jeudi 18% de grévistes dans l'entreprise francilienne, deux fois plus que le 27 mai, précédente journée de mobilisation interprofessionnelle.

A la Poste. Selon la direction 19,86% des postiers étaient en grève jeudi matin, contre 12,80% le 27 mai dernier. Ce taux de grévistes est plus important que les deux précédentes journées de mobilisation interprofessionnelle, qui avait mobilisé 12,80% de grévistes le 27 mai, et 11,45% le 23 mars.

Dans l'audiovisuel public. Radios et télévisions publiques étaient aussi très touchées. La mobilisation est importante aussi bien à France Télévision qu'à Radio France. De fortes perturbations ont eu lieu sur les antennes respectives. Sur France 2, l'émission Télématin et le journal de 13h ont été supprimés. Le JT de 20h devrait être "un tout image". Sur France 3, un flash d'infos est prévu à 13h et toutes les éditions locales sont supprimées. A la radio, il n'y a pas d'émission sur France Inter depuis 1h du matin et jusqu'à 20h ce soir, de même que sur France Culture, tandis que l'antenne de France Musique est perturbée et que France Info diffuse des flashs d'infos à 10h, 11h, 11h30 et 13h. Plusieurs quotidiens n'ont pu paraître.

- Une journée de forte mobilisation peut-elle faire changer d'avis le gouvernement ?