Les "pompiers de l'air" cloués au sol

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avec Nathalie Chevance et agences
Les pilotes de Canadair sont en grève illimitée pour protester contre le manque de moyens.

Ils resteront au sol pour une durée indéterminée. Alors que débute la saison des incendies, les pilotes de bombardiers d'eau de la base de la Sécurité civile de Marignane, dans les Bouches-du-Rhône, ont lancé dimanche une grève illimitée pour réclamer plus de moyens. Cette grogne, inédite depuis 1998, n'a pas été apaisée par les négociations menées lundi au ministère de l'Intérieur. Malgré cet échec, les pompiers de l'air doivent manifester mercredi devant la préfecture de Marseille.

"On a été écoutés mais on n'a pas été entendus. Les lignes n'ont pas bougé. Ils sont dans une problématique où l'on doit faire des économies à tout prix et sur tous les tableaux. Or, on ne peut pas le faire sur la dimension de la flotte", a déclaré lundi François Tauveron, porte-parole de l'intersyndicale des pilotes de la base, spécialisés dans la lutte contre les feux de forêt.

Du côté du ministère de l'Intérieur, on rappelle que "les efforts" doivent être "partagés par tous" en ces temps de crise. "Comme les années précédentes, les crédits disponibles en 2012 garantissent un volume de 6.000 heures de vol de Canadairs, quand une année moyenne représente 3.200 heures. La capacité d'intervention permet donc de faire face bien au-delà des risques d'un été moyen", a ajouté le ministère.

Moins d'avions = moins de protection

La soixantaine de pilotes en grève, sur les 88 que compte la base de Marignane, dénonce le manque de moyens affectés selon eux à la maintenance des avions et l'absence de dialogue social avec la direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC). Pour eux, l'équation est simple : moins d'avions = moins de protection.

Sur les 12 Canadair, 9 Tracker et 2 Dash 8 que compte la flotte de la Sécurité civile, seuls 16 appareils seraient opérationnels, selon les pompiers de l'air. Or, sur certains feux de forêts, seuls les bombardiers peuvent intervenir. Les pilotes réclament donc 10 millions d'euros pour assurer la maintenance de ces avions.

10 millions pour la maintenance

Au printemps, la DGSCGC avait annoncé vouloir laisser au sol cet été deux Canadair, ainsi qu'un avion de coordination Beechcraft 200, ordinairement utilisé en Corse, pour économiser de l'argent sur la maintenance. Face à la détermination affichée par les grévistes, le directeur Jean-Paul Kihl et le sous-directeur des moyens nationaux, Patrice Faure ont décidé de faire un geste d'apaisement. Ainsi, les deux avions qui devaient rester au sol ont finalement repris du service dès lundi.

Pas d'économies "là-dessus"

Les pilotes, plus que jamais déterminés, ont reçu de nombreux soutiens parmi la population. "Si on doit passer par la grève, on passe par la grève. Je les comprends", affirme une habitante de Marseille au micro d'Europe 1. "S'il y a plusieurs départs de feu, avec des avions en moins ça sera plus difficile pour eux. Il y aura moins de feux éteints et c'est très dommageable", déplore-t-elle. "On peut faire d'autres économies mais pas là-dessus", renchérit une autre Marseillaise. "La sécurité, les pompiers, c'est primordial dans la vie de tout le monde", martèle-t-elle.

En cas de feu, les pilotes grévistes seront réquisitionnés. Seul bémol, les grévistes ne seront pas pré-positionnés en détachement sur les lieux à risques. Ils devront partir de Marignane ce qui pourrait occasionner des retards sur les interventions.