Les policiers tentent d'interpeller les candidats

Plusieurs centaines de policiers se sont rassembles Porte-Maillot, à Paris, le vendredi 4 mai, pour bloquer la circulation afin de manifester contre la mise en examen d un policier il y a deux semaines et de dénoncer leurs conditions de travail.
Plusieurs centaines de policiers se sont rassembles Porte-Maillot, à Paris, le vendredi 4 mai, pour bloquer la circulation afin de manifester contre la mise en examen d un policier il y a deux semaines et de dénoncer leurs conditions de travail. © Julien Muguet/MaxPPP
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De nombreuses manifestations de policiers voient le jour, mais elles sont divisées.

Les policiers aussi savent faire grève. Plusieurs centaines d'entre eux ont manifesté vendredi à Paris, où ils ont partiellement bloqué la circulation. Ils étaient déjà des centaines à avoir battu le pavé à Marseille, Nice, Lyon, Bordeaux, Pau et en région parisienne ces derniers jours.

La mise en examen, le 25 avril, pour homicide volontaire d'un policier qui avait tiré sur un homme en fuite, à Noisy-le-Sec, Seine-Saint-Denis, a déclenché leur colère. Mais il s'agit de la goutte d'eau de trop.  "Nous voulons exprimer notre ras-le-bol général", a lancé vendredi un manifestant. Un ras-le-bol qui dépasse les organisations syndicales.

"Des objectifs chiffrés qui n’ont aucun sens"

Ces dernières, pourtant très puissantes, sont débordés. Le mouvement de vendredi s'est organisé par SMS, hors de tout contrôle syndical. Les policiers protestent contre la Justice, accusée d'être impitoyable à leur égard et trop laxiste envers les suspects qu'ils arrêtent. "A chaque intervention, on est dans la psychose. On pense plus aux sanctions que l'on risque qu’à se protéger ou faire notre métier. Je pense que 90% des collègues préfèrent ne pas intervenir de peur de passer ensuite pour le coupable", confie l'un des manifestants au journal Libération.

Mais les policiers s'en prennent aussi au manque de reconnaissance et de soutien de leur hiérarchie, au manque de moyens, matériel et humain, aux pressions croissantes et aux objectifs qui leurs sont imposés. "On nous demande de remplir des objectifs chiffrés qui n’ont aucun sens. Par exemple, faire tant de contrôles d’identité dans le mois. Si on ne veut pas d’emmerdes avec la direction, on se poste dans les gares et on interpelle des sans-papiers. On les ramène au poste, on remplit la paperasse, ça fait des petits bâtons pour les chefs, ils sont contents. Et puis, on les remet dehors. Cela n’a aucune utilité, ni aucun sens" confie un autre policier.

Querelles politiques?

Les deux syndicats principaux, Unité SGP Police et Alliance, tentent bien d'imposer leurs marques. Et ils appellent eux aussi à deux manifestations la semaine prochaine. Mais ils ne parviennent pas à s'entendre. Car le mouvement intervient dans un contexte politique très sensible.

Le deuxième syndicat majoritaire, Alliance, étiqueté à droite, appelle à défiler le 11 mai, avec pour seul mot d'ordre la création de "la présomption de légitime défense" pour les policiers. Mesure qui a la faveur de Nicolas Sarkozy depuis quelques jours.

Risque de division

Le syndicat majoritaire, Unité SGP Police, entend lui battre le pavé non pas le 11 mais le 10 mai. Et il va plus loin dans ses revendications, appelant à protester en faveur du "renforcement de la présomption d'innocence du policier", de "l'arrêt de la RGPP (la règle de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux mise en place par le chef de l'Etat), de l'arrêt de la politique du chiffre, et d'une véritable protection fonctionnelle et juridique".

Par manque d'unité le "bruit" des deux mouvements risque d'arriver amoindri à l'oreille des deux candidats finalistes. Reste que les policiers, avec ou sans leurs syndicats, comptent bien faire entendre leurs voix et leurs problèmes. Selon le journaliste spécialisé de Marianne Frédéric Ploquin, un autre rassemblement spontané s'organise par SMS, pour le… 9 mai.