Les patients passent-ils trop de temps à l'hôpital ?

Dans son rapport annuel sur les dépenses de la Sécurité sociale, la Cour des comptes consacre cinq chapitres aux hôpitaux.
Dans son rapport annuel sur les dépenses de la Sécurité sociale, la Cour des comptes consacre cinq chapitres aux hôpitaux. © MaxPPP
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avec Laure Dautriche , modifié à
ZOOM - La Cour des comptes dénonce le retard criant de la France en matière de chirurgie ambulatoire.

Le rapport. Les patients passent trop de temps à l'hôpital, aux yeux de la Cour des comptes. Dans leur rapport annuel sur les dépenses de la Sécurité sociale, les sages de la rue de Cambon consacrent cinq chapitres aux hôpitaux. Et ils sont parvenus à une cinglante conclusion : la France accuse un retard considérable et persistant en matière de chirurgie ambulatoire, ou chirurgie de jour, qui consiste à se faire opérer dans la journée avant de rentrer chez soi le soir.

Certains voisins l'ont bien compris. Moins de quatre interventions sur dix (36%) sont faites en ambulatoire en France, alors que l'on peut faire beaucoup mieux. En France, on ne la pratique que pour la petite chirurgie : les varices, la cataracte, la chirurgie de la main, la circoncision ou les méniscectomies par exemple. Mais on pourrait y avoir recours en toute sécurité pour une multitude d'autres opérations : les hernies, l'épaule ou encore le canal carpien par exemple. Selon le rapport, le Danemark, par exemple, nous surpasse largement avec 74 % de chirurgie ambulatoire, suivie de la Suède (69 %), des Pays-Bas (53 %), du Royaume-Uni (52 %), de la Norvège (50 %) et de l'Allemagne (43 %).

Pas assez de prise en charge. "Il faut développer la chirurgie ambulatoire, c'est une certitude. Mais il faut la développer en garantissant aux patients la sécurité et la qualité de leurs soins", prévient, pour sa part, Philippe Cuq, président de l'Union des chirurgiens de France. "On ne peut pas dire : 'on va vous opérer en ambulatoire et vous lâcher chez vous le soir sans une prise en charge adéquate'. Or, aujourd'hui, il manque, pour les maladies lourdes, une prise en charge organisée par les infirmières libérales, les aides soignantes et les médecins", poursuit le professionnel au micro d'Europe1.

Des économies considérables. L'enjeu est de taille. La Cour des comptes voit dans le développement de la chirurgie ambulatoire "un potentiel d'économies" tournant autour de cinq milliards d'euros. Dans le secteur public, la suppression des lits rendus ainsi inutiles engendrerait ainsi des économies de fonctionnement qui se situeraient entre 4,5 et 5,3 milliards d'euros. Et dans le privé, la fourchette va de 1,7 à 2,2 milliards d'euros. "Une chirurgie ambulatoire accompagnée d'une bonne prise en charge coûterait un peu d'argent, mais probablement moins que la chirurgie traditionnelle", résume Philippe Cuq.