Les ordonnances papier, c'est du passé

La Sécu reçoit pas moins de 750 millions d'ordonnances par an
La Sécu reçoit pas moins de 750 millions d'ordonnances par an © MAXPPP
  • Copié
avec agences , modifié à
Les prescriptions électroniques remplaceront d'ici peu les ordonnances en papier.

A l'instar des feuilles de soin, qui ont disparu progressivement des cabinets des médecins, les ordonnances papier seront bientôt reléguées au rang de vieilles reliques. L'Assurance maladie va en effet les faire disparaître. Une mort en deux temps : d'abord dans les pharmacies, fin 2012 - début 2013, puis directement chez les médecins.

Les raisons de ce désamour : le temps qu'il faut pour trier ces fameuses ordonnances papier, la place à dégager pour les archiver et donc, in fine, leur coût exorbitant en ces temps de rigueur budgétaire.

Les pharmacies en première ligne

Première étape dans les pharmacies. L'Assurance maladie a entamé l'an dernier la dématérialisation des ordonnances dans les officines, qui voient passer 550 millions de prescriptions par an. Environ 900 pharmacies volontaires ont commencé à mettre en place le système.

Comment ça marche ? Les officines scannent les ordonnances en papier déjà lorsque le patient est au guichet, puis elles gravent des CD, qui sont envoyés tous les quinze jours à l'Assurance maladie. Sans cela, un pharmacien passe en moyenne deux heures par soir à classer et mettre sous pli les ordonnances.

Progressivement, le système va être généralisé aux 23.000 pharmacies de France d'ici fin 2012, début 2013, a détaillé Frédéric van Roekeghem, le directeur général de la Caisse nationale d'assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS). Les pharmacies seront aidées à hauteur d'environ 400 euros par an pour s'équiper, a-t-il ajouté. Parallèlement, certaines pharmacies expérimentent la télétransmission directe de ces ordonnances vers l'Assurance maladie, comme elles le font déjà pour les feuilles de soins qui permettent le remboursement à l'assuré. Une transmission vers un serveur informatique sécurisé qui sera aussi généralisée progressivement.

Vers une généralisation de la dématérialisation

Mais l'objectif à terme, c'est bien d'aboutir à une dématérialisation complète du processus, c'est-à-dire jusque dans le cabinet du médecin, comme aux Pays-Bas ou en Suède. La dématérialisation existe déjà en France pour les arrêts de travail et le choix du médecin traitant, a rappelé la Caisse nationale d'assurance maladie, et son application aux ordonnances, notamment de médicaments, a été validée par la convention signée en juillet entre médecins et Assurance maladie.

Comment les médecins procèderont-ils ? Ils continueront en fait à délivrer aux patients une ordonnance papier... tout en fournissant en parallèle les mêmes données sur un portail internet professionnel. Les autres professionnels de santé, notamment les pharmacies, mais aussi les kinés ou les laboratoires d'analyse, pourront alors avoir accès à l'ordonnance du médecin. Frédéric van Roekeghem espère "lancer une généralisation en 2014" avec pour objectif un achèvement en 2018.

D'importantes économies potentielles

L'intérêt est bien sûr d'améliorer la vitesse de transmission des ordonnances mais c'est aussi et surtout un moyen facile pour réduire les dépenses de l'assurance maladie. "Nous sommes confrontés à une masse de papier considérable", confirme Philippe Ulmann, directeur de l'offre de soins à l'Assurance maladie, ce qui entraîne "une gestion très lourde pour les pharmaciens" et pour la Sécu qui doit "les récupérer, les trier, les traiter" et les archiver.

Les chiffres sont impressionnants : la Sécu reçoit ainsi pas moins de 750 millions d'ordonnances par an, l'équivalent de 424 km d'archives. Et à Paris, c'est un camion de six tonnes de papiers qui arrive chaque semaine à la Caisse primaire. Rien que la collecte des ordonnances coûte quatre millions d'euros par an à la Cnam et leur traitement mobilise près de 4.000 agents.