Les nouvelles drogues de synthèse inquiètent l’Europe

Selon l'Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies, les drogues de synthèse prennent de plus en plus d'importance sur le continent.
Selon l'Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies, les drogues de synthèse prennent de plus en plus d'importance sur le continent. © Maxppp
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Damien Brunon , modifié à
RECORD - Selon l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies, 81 nouvelles substances ont été détectées en 2013.

L’INFO. Carfentanyl, Methylfentanyl, PB-22, ces noms, du verbiage chimique pour beaucoup, sont ceux des nouvelles drogues qui menacent les bons résultats en matière de lutte contre la dépendance en Europe. Selon le rapport de l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies (OEDT), ces drogues, difficiles à détecter et à classer, expliquent la recrudescence de surdoses (overdoses) et de la transmission du SIDA dans certains pays.

Une drogue synthétique, c’est quoi ? Apparues récemment sur le marché des stupéfiants, les nouveaux produits de synthèse (NPS) n’en sont pas moins des drogues. Elles profitent généralement d’un vide juridique autour de leur définition pour prendre parfois les statuts plus ou moins légaux de “Reseach Chemical” (RC), de “Designer Drugs” (drogue sur mesure) ou de “Legal Highs” (drogues légales).

Initiallement vendues sur Internet, ces produits ont commencé à se répandre de plus en plus dans les réseaux classiques animés par des “dealers” dans les lieux fréquentés par les usagers de drogue.
>> A lire pour en savoir plus : Drogues de synthèse, l’avant-garde narcotique

81 nouvelles substances. De manière générale, l’observatoire note que si le nombre de décès liés à la consommation d’héroïne baisse, il est désormais dépassé dans certains pays par ceux en lien avec des opiacés de synthèse. “Les taux de décès par surdose exceptionnellement élevés enregistrés en Estonie, par exemple, sont associés à l’usage de fentanyls, une famille d’opiacés de synthèse extrêmement puissants”, note-t-il dans son rapport annuel.

Et même si, globalement, le nombre de décès liés aux drogues est en baisse en Europe (6.100 décès par surdose en 2012 contre 6.500 en 2011), certains pays (Estonie, Norvège, Irlande, Suède et Finlande) ont accusé une hausse préoccupante du nombre de décès par surdose, note le rapport.

Grâce à son système continental de détection des nouvelles substances, l’observatoire a d’ailleurs pu constater l’apparition de 81 nouvelles substances psychoactives, pour la plupart des cannabinoïdes. En tout, ce sont plus de 350 drogues de synthèses qui y sont répertoriées.

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© OEDT

"Les drogues que nous observons aujourd'hui, sont à de nombreux égards, bien différentes de celles que nous connaissions auparavant", a prévenu Wolfgang Götz, le direction de l’OEDT, lors d’une conférence de presse.

Moins chères, moins visibles. Si ces drogues se répandent, ce n’est d’ailleurs pas un hasard : pour la plupart, elles sont bien plus faciles à produire que les drogues classiques. Ainsi, il ne suffit que de 0,1g de Carfentanyl pour produire 10.000 doses de drogue quand il en faut 200g pour produire autant de de doses de cocaïne.

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© OEDT

Et de cet avantage en découle un autre. Consommées à très faible quantité, ces drogues en deviennent indétectables. “Les effets très puissants induits par certaines substances de synthèse rendent leur détection encore plus difficile, car celles-ci ne sont présentes qu’en très faibles concentrations dans le sang”, note le rapport de l’organisation internationale.

Danger sur la santé publique. Leur développement commence d’ailleurs à poser un sérieux problème de santé publique à l’échelle du continent. “Certaines données nationales remettent en question (les) évolutions positives” concernant la lutte contre l’héroïne, précise le rapport. Il se trouve que jusque-là, la drogue dérivée de l’opium, était l’une des principales raisons des surdoses et des transmissions intraveineuses du SIDA. Aujourd’hui l’OEDT s’inquiète très sérieusement du “remplacement” de cette drogue par les “stimulants et des opiacés de synthèse”.

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