Les médecins étrangers dans la rue

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avec Walid Berrissoul , modifié à
Pourtant utiles dans les services en sous-effectif, ils n’ont pas le même statut que leurs pairs français.

Les médecins étrangers sont en colère. A l’appel du SNPADUE, le Syndicat des médecins à diplôme hors Union européenne, ils vont manifester mercredi devant le ministère de la Santé pour réclamer leur régularisation.

Pas d’équivalence des diplômes

Quelque 6.700 médecins de nationalité étrangère (hors UE) exercent en France, souvent dans les services d’urgence, qui sont davantage sujets au manque d’effectif. Or, près de 4.000 d’entre eux risquent de se retrouver au chômage à la fin de l’année. En effet, à compter du 31 décembre, ils devront obligatoirement passer un concours pour travailler en France, même s’ils détiennent un diplôme de leur pays d’origine.

Actuellement, la démarche est plus ou moins la même. En théorie, les diplômes obtenus dans des pays autres que ceux de l’Union européenne ne bénéficient pas d’équivalence en France. Mais dans la pratique, les médecins venus de ces pays exercent et sont reconnus par leurs pairs.

Une main-d’œuvre précieuse

Dans les hôpitaux de région parisienne, ces cas de figure sont légion. Les médecins étrangers y sont plus qu’indispensables, car ils viennent combler le manque d’effectif criant. C’est notamment le cas dans un hôpital des Hauts-de-Seine, où Europe 1 a mené l’enquête.

Au sein de l’établissement, hormis le chef de service, il n’y a pas un médecin français. En moyenne, les médecins étrangers sont payés 1.250 euros par mois, pour un travail de forçat.

L’un d’entre eux, âgé de 33 ans, témoigne au micro d’Europe 1. Dans son pays, il était chirurgien, mais en France, il exerce en tant que médecin urgentiste.

"Pendant cinq ans, je n’avais plus de vie, je sortais tous les jours à 7h du matin, je rentrais chez moi à 9h du soir, tous les jours. Un week-end sur deux je travaillais et les week-ends où je ne travaillais pas j’étais de garde aux urgences", témoigne-t-il. "J’avais des idées noires et à un moment donné j’ai craqué. Je connais même quelqu’un qui a fait une tentative de suicide", déplore-t-il par ailleurs.

Les médecins étrangers coûtent moins cher :

Un chef de service lui a même proposé de "travailler au noir". "Le chef de service était près à prendre ce risque. Quand il m’a dit ça, je suis tombé de haut", raconte le médecin.

Aux urgences d’Avicenne, à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, Frédéric Adnet, le chef de service des urgences, reconnaît l’absurdité de ce système. "Tout le monde s’y retrouve : le service parce qu’il tourne, l’hôpital parce que ça coûte moins cher, il n’y a que ces pauvres praticiens qui ne s’y retrouvent pas, car à fonction égale, ils sont rémunérés de manière moins importante", analyse-t-il.

En effet, en moyenne, les médecins étrangers font deux fois plus de gardes que les titulaires, mais payées deux fois moins cher : 100 euros nets environ, contre 200 euros pour un urgentiste français.