Les écoliers pas égaux à la cantine

Le Défenseur des droits remet jeudi au gouvernement son rapport "sur l'accès des enfants aux cantines scolaires dans le primaire".
Le Défenseur des droits remet jeudi au gouvernement son rapport "sur l'accès des enfants aux cantines scolaires dans le primaire". © MAXPPP
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Eve Roger et , modifié à
INFO E1 - Le rapport du Défenseur des droits pointe des discriminations.

L'INFO. La cantine scolaire est-elle vraiment ouverte à tous en France ? Il y a encore des progrès à faire, répond Dominique Baudis. Le Défenseur des droits remet jeudi au gouvernement son rapport "sur l'accès des enfants aux cantines scolaires dans le primaire". Un document qui pointe de nombreuses discriminations, selon les informations recueillies par Europe 1.

• Trop de faux prétextes à la "sélection". Aujourd'hui, un enfant sur deux mange à la cantine, soit deux fois plus que dans les années 70. C'est l'équivalent de 400 millions de repas par an. Mais pour le Défenseur des droits, il y a encore des "sélections" qui ne devraient pas avoir lieu d'être. Ainsi, trop d'enfants sont encore refusés pour des allergies, un handicap, ou parce qu'un des parents est au chômage.

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Ce dernier cas représente même 45% des réclamations. Les maires, prétextant le manque de places, préfèrent accepter les enfants dont les deux parents travaillent. Ces derniers, non disponibles le midi pour garder leurs enfant, éloignent également le risque des impayés. Une sélection "inacceptable" pour Dominique Baudis, qui rappelle que cette pratique constitue une discrimination passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.

>> La solution proposée : s'organiser pour accueillir tout le monde. Dominique Baudis enjoint les maires à mieux s'organiser pour accueillir plus d'enfants, avec un self ou en multipliant les services. Le rapport donne même l'exemple d'une commune qui affrète un bus pour que ses élèves aillent déjeuner dans la ville voisine. Et si un maire a besoin de faire des travaux d'agrandissement du réfectoire, il devrait pouvoir faire appel à l'Etat, recommande le Défenseur des droits, via par exemple une compensation financière sur le modèle des rythmes scolaires.

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• Le casse-tête des repas de substitution adaptés aux religions. Autre question que soulève Dominique Baudis: les cantines doivent-elles mettre à disposition un menu de substitution, quand le plat ne s'accorde pas avec les convictions religieuses des parents ? Cette question, relate le rapport, représente 9% des réclamations déposées auprès du Défenseur des droits. Le rapport constate, que dans les faits, la plupart des cantines scolaires proposent déjà un menu de substitution, notamment pour les enfants qui ne mangent pas de porc. Mais Dominique Baudis pointe tout de même les "tensions grandissantes" pesant sur les élus, qui doivent faire la part des choses entre les demandes de plus en plus pressantes de certains parents pratiquants et le respect de la laïcité.

>> La solution proposée : afficher à l'avance les menus. Prenant acte de ces "tensions", le Défenseur des droits insiste sur le fait qu'aucun texte législatif ou règlementaire n'oblige les maires à prévoir des repas en fonction des convictions philosophiques ou religieuses des parents. "Les menus affichés à l'avance doivent pouvoir permettre aux parents de prévoir les jours de présence de leur enfant", conclut-il.