Les deux discours de Michel Mercier

Michel Mercier a rappelé à l'ordre le procureur de la République de Dunkerque, qui ne faisait qu'appliquer ses consignes.
Michel Mercier a rappelé à l'ordre le procureur de la République de Dunkerque, qui ne faisait qu'appliquer ses consignes. © MAXPPP
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avec Guillaume Biet et agences , modifié à
Le garde des Sceaux encourage en même temps l'application des peines de prison... et leur report.

Le Syndicat de la Magistrature a adressé vendredi un courrier assez sévère au ministre de la Justice, Michel Mercier. Une semaine plus tôt, celui-ci avait vivement rappelé à l'ordre le procureur de Dunkerque, qui avait prononcé le report de plusieurs incarcérations. Mais selon le syndicat, Michel Mercier donne justement ce type de consignes en sous-main.

La fronde du procureur de Dunkerque

Le procureur de Dunkerque avait fait sensation, vendredi 29 juillet, en annonçant le report de certaines incarcérations. Un moyen, avait expliqué Philippe Muller, de faire face à la surpopulation carcérale locale : 150 détenus pour 100 places.

Une décision applaudie par les syndicats des personnels pénitentiaires et par le syndicat de la magistrature, mais sur laquelle le procureur avait été contraint de revenir le jour-même : ces consignes avaient irrité le ministère de la Justice, qui avait lui demandé entretemps de "revenir" dessus.

Une consigne en vigueur depuis le 21 juillet

Le Syndicat de la Magistrature pointe aujourd'hui un double-jeu de la part du ministre de la Justice. Il révèle une note qui encourage justement ce type d'initiative, pour éviter l'engorgement de certaines maisons d'arrêt. Un document signé par le ministre quelques jours seulement avant le recadrage du procureur de Dunkerque !

Dans cette circulaire de Michel Mercier envoyée aux procureurs le 21 juillet, qui rend compte de discussions sur le problème de l'aménagement des peines et des alternatives à la prison, on découvre que de tels dispositifs sont déjà en vigueur sur ordre des administrations centrales.

Pourtant, en février, peu après meurtre de la jeune Laetitia à Pornic, le ministre de la Justice Michel Mercier avait adressé aux parquets des recommandations parfaitement contraires, leur demandant d'accélérer l'exécution des peines.

Une situation carcérale explosive

Le dossier illustre la difficulté de la position du gouvernement, qui prône une réponse ferme à la délinquance et a lancé un programme de mise à exécution des peines de prison, mais doit en parallèle gérer une situation carcérale explosive et favorise donc des solutions remplaçant la prison.

Au 1er juillet, 64.726 personnes étaient en détention en France pour 55.000 places, un record. La situation est jugée particulièrement sérieuse dans les maisons d'arrêt. On y dort quelquefois à cinq par cellule, sur des matelas placés au sol, rappellent les syndicats de personnels.