Les croissants "au black" des boulangeries des Alpes-Maritimes

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avec Jacques Thérence
Huit personnes ont été placées en garde à vue mercredi dans le cadre d'une enquête pour fraude fiscale et sociale.

FRAUDE. Coup de filet dans les Alpes-Maritimes… dans neuf boulangeries de Nice, Antibes, St Jeannet et La Turbie. Ces établissements ont été perquisitionnés par la gendarmerie mercredi dans le cadre d'une enquête pour fraude fiscale et sociale. 100 000 euros en espèce ont été saisis par les enquêteurs, appuyés par deux équipes cynophile spécialisées dans la recherche… de billets. Les responsables des commerces sont soupçonnés de n'avoir pas déclaré une partie de la marchandise vendue, et de l'avoir utilisée pour payer leurs employés au noir. Huit personnes ont été placées en garde à vue et doivent être présentées vendredi au juge d'instruction.

Une fraude simplissime. Les boulangers des Alpes-Maritimes ne cautionnent pas publiquement une telle pratique. Pourtant, ils savent bien qu'elle existe et qu'elle est même courante en particulier dans les commerces où les produits sont entièrement fabriqués et non pas achetés puis revendus. La fraude est donc enfantine : "quand un client vous règle en espèce, si vous ne délivrez pas un ticket qui atteste de la transaction immédiatement, il n'y a rien de plus facile", confie l'un d'eux au micro d'Europe 1.

 "Admettons qu'une cliente veut une baguette qui coûte 85 centimes, vous pouvez ne pas la taper sur la caisse et mettre l'argent dans une boîte, dans un coffre", illustre une boulangère. "Il faut que les employés soient également d'accord, il est tout de même au courant aussi", précise-t-elle.

Une caisse "noire" pour payer les employés. C'est justement aux employés que les 100.000 euros en billets retrouvés par les gendarmes dans les neuf boulangeries étaient destinés : des travailleurs payés au "noir". La fraude porterait sur une centaine de salariés non-déclarés.

 Ainsi, en l'espace de trois ans, la fraude se chiffrerait à plusieurs centaines de milliers d'euros non-récoltés par l'Etat, tant au niveau de la TVA sur les produits vendus mais pas enregistrés, que sur les charges salariales qui n'ont pas été versées à l'URSAFF. De quoi, pour les boulangers, mettre du beurre… dans les croissants et se voir désormais inquiétés par la justice.