Les comptes de Balladur dans le viseur

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avec Yaël Goosz et agences , modifié à
En marge du dossier Karachi, Le Monde révèle que son budget de campagne n’aurait pas dû être validé.

En octobre 1995, quelques mois après l’élection présidentielle, les Sages du Conseil constitutionnel ont validé les comptes de campagne du candidat Edouard Balladur. A une voix près, celle du socialiste Roland Dumas, et contre l’avis des rapporteurs, révèle le journal Le Monde dans son édition de vendredi. Un élément de plus dans l’affaire Karachi.

Car l’enquête menée par le juge Renaud Van Ruymbeke sur l’attentat au Pakistan, dans lequel 11 Français ont été tués, s’intéresse de très près aux comptes de campagne d’Edouard Balladur qui auraient pu être alimentés par des rétrocommissions liées à la vente d’armement.

10,25 millions de francs en liquide

Quelle est l’anomalie relevée par les rapporteurs chargés de décortiquer les comptes de campagne d’Edouard Balladur ? Le versement en liquide, en une seule fois et sans justificatif, de 10,25 millions de francs. Le candidat avait expliqué que l’argent provenait de la vente de tee-shirts et de gadgets. Les dix rapporteurs chargés de décortiquer ses comptes de campagne avaient jugé cette explication peu crédible.

Pour expliquer la décision prise finalement de valider les comptes de campagne, Roland Dumas, alors président du Conseil constitutionnel, a confirmé au micro d'Europe 1 qu’à l’époque les comptes de Jacques Chirac présentaient aussi des anomalies plus importantes encore. Invalider les comptes du premier aurait obligé les Sages à invalider aussi les comptes du second. Et c’est l’élection présidentielle tout entière qui aurait été menacée.

Des documents rendus publics ?

Le mois dernier, Roland Dumas disait cependant ne pas se souvenir d'un problème sur les comptes de campagne d'Edouard Balladur.

Pour clarifier définitivement la situation, il faudrait pouvoir avoir accès au PV des discussions qui ont eu lieu lors de la validation des comptes de campagne d’Edouard Balladur. Qui sont actuellement soumis au secret de la délibération. Mais pour qu’il n’y ait pas d’ambigüité, Roland Dumas propose aujourd’hui qu’ils soient rendus publics. Mais l’actuel président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, a dit dès la mi-novembre qu’il se refusait à transmettre les documents en question à la justice.