Leclerc reproche à l’Etat de "foutre la pagaille"

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Le président des centres Leclerc a du mal à accepter sa condamnation à restituer 23 millions d’euros à 28 de ses fournisseurs.

"L’Etat n’est pas là pour foutre la pagaille pendant la négociation commerciale quand ça l’arrange et quand le pouvoir d’achat n’est plus sa priorité." Visiblement, la pilule passe mal pour Michel-Edouard Leclerc. Le président des centres du même nom s’est montré offensif, mercredi sur Europe 1, une semaine après sa condamnation en appel à restituer à 28 de ses fournisseurs 23,3 millions d'euros perçus par son enseigne sans contrepartie commerciale.

> retrouvez ici l'interview de Michel-Edourd Leclerc en intégralité

Critiquant une décision "absurde sur le principe", "M.E.L" a exposé sa version des faits : "Des fournisseurs avaient donné de meilleures conditions d’achat à un concurrent [Carrefour]. On s’en est aperçus, ils l’ont reconnu. Donc nous avons négocié auprès des fournisseurs une transaction et ils ont aligné leurs tarifs. Ce que l’Etat nous reproche, c’est de l'avoir fait dans une forme artificielle, ce qui effectivement peut être retenu. Mais sur le fond, ces sommes ne sont pas indues, elles ne sont pas amorales. C’est uniquement sur un problème de forme qu’on s’est fait avoir, qu’on n’a pas été bons."

Le patron des centres Leclerc a ainsi reconnu avoir eu tort "juridiquement" mais pas moralement. Les 23 millions d’euros qu’il va devoir restituer, "les fournisseurs ne les demandent pas, a-t-il insisté. Ils ont reconnu qu’ils nous les devaient. C’est l’Etat qui s’est érigé entre eux et nous, et s’est donné un rôle qu’il n’avait pas à jouer, alors que les fournisseurs n’avaient rien demandé. C’est ça le paradoxe."

L’attitude de l’Etat s’explique, selon Michel-Edouard Leclerc, par l’imminence des élections : "Tout ça s’est fait uniquement parce que c’était demandé par un certain nombre de corporations du secteur agroalimentaire. Après avoir fait une politique pro-concurrence, l’Etat nous demande maintenant de ne plus faire pression sur un certain nombre de secteurs avant les élections régionales pour ne pas casser ses relais corporatistes." Ce faisant, a-t-il conclu, "l’Etat, qui était auprès de nous l’année dernière parce qu’il y avait de l’inflation, sacrifie l’image de toute la distribution".