Le thon rouge au cœur de la CITES

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avec agences , modifié à
Les USA et l’Europe défendront l'interdiction de son commerce à partir de samedi au Qatar.

Victimes de la vogue des sushis, les stocks de thon rouge ont décliné des deux tiers en quarante ans. Le cas du thon rouge (Thunnus thynnus) sera débattu à Doha lors de la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES), du 13-25 mars, à la suite d'une proposition de Monaco. Le dossier promet d'âpres batailles.

Les Etats-Unis et l'Union européenne défendront l'interdiction du commerce international de ce grand prédateur. Les autorités nippones ont prévenu qu'elles déposeraient une "réserve" si l'interdiction était votée, ce qui leur permettrait en pratique de continuer de pêcher.

La pression est montée sur Tokyo après la décision, mercredi, de l'Union européenne (UE) de soutenir la proposition monégasque, une semaine après une annonce similaire des Etats-Unis. La position de la France, pour une inscription à l’annexe I, a été arrêtée début février après un long délai de réflexion.

Une "étape décisive"

La Convention a déjà placé sous sa protection 34.000 espèces d'animaux ou de plantes, soit en interdisant tout commerce international (Annexe I), soit en l'encadrant strictement (Annexe II). Figurent déjà de nombreuses espèces marines, comme les baleines ou les tortues. Les coraux rouges et roses, dits "précieux", pourraient les y rejoindre.

"Mais c'est la première fois que la Convention s'attèle à des espèces commerciales aussi emblématiques, dont les échanges annuels se chiffrent en milliards de dollars", souligne Sue Liberman, Directrice des Politiques internationales du Pew Environment Group à Washington, qui y voit une "étape décisive".

Les requins menacés

Quatre grandes espèces de requins font également l'objet d'une demande de classement en Annexe II afin d'en réguler strictement le commerce : le requin marteau, le requin océanique et le requin taupe, recherchés pour leurs ailerons servis en soupe dans les banquets chinois et l'aiguillat commun, dont la chair, panée et frite, finit dans les barquettes des "fish & ships" anglais.

L'éléphant d'Afrique revient également au menu de Doha pour son précieux ivoire. Depuis 1989, son commerce est interdit sauf dans quatre pays d'Afrique australe où il se porte mieux (Afrique du Sud, Namibie, Swaziland et Botswana). Mais cette année, la Tanzanie et la Zambie demandent à pouvoir mettre leurs stocks d'ivoire sur le marché.