Le procès du Mediator s'ouvre lundi

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avec AFP , modifié à
Plus de 350 personnes demandent réparation au laboratoire et à Jacques Servier.

Les laboratoires Servier devant le juge. Un an et demi après l'éclatement du scandale Mediator, un médicament accusé d'avoir tué 500 à 2.000 patients, le premier procès pénal du laboratoire pharmaceutique et de son patron Jacques Servier s'ouvre lundi à Nanterre.

Plus de 350 personnes demanderont réparation à Servier et à son fondateur Jacques Servier, 90 ans, devant le tribunal correctionnel sans attendre l'instruction menée au pôle santé du parquet de Paris sur les mêmes faits.

Les parties civiles ont misé sur une procédure rapide, une citation directe pour "tromperie aggravée" dans laquelle leur revient la lourde tâche d'apporter les preuves, sans avoir accès aux investigations parisiennes. La justice a promis en mars de clore l'enquête d'ici décembre.

Détourné comme coupe-faim

Les plaignants reprochent à Servier de les avoir "délibérément" trompés sur la composition du Mediator en ne les informant pas de "la nature anorexigène" de son principe actif, le Benfluorex. Ce dernier larguerait dans l'organisme une substance toxique, la norfenfluramine, une molécule très proche de l'amphétamine. Or la norfenfluramine provoque des hypertensions artérielles pulmonaires, qui peuvent nécessiter une greffe et multiplie par trois le risque de valvulopathies.

Le Mediator, largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation de 1975 à 2009, est soupçonné d'avoir causé au moins 500 morts en 30 ans voire 1.000 à 2.000 selon d'autres estimations.
Cinq millions de personnes en ont consommé.

Deux QPC posées lundi

Parmi les pièces maîtresses des parties civiles figurent des rapports internes de Servier et les annexes du rapport accablant de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), commandé par le ministre de la Santé. Selon l'Igas, le retrait du Mediator "aurait pu être décidé dès 1999", soit dix ans avant sa disparition du marché.

En septembre, Jacques Servier, ainsi que six sociétés du groupe, avait été mis en examen notamment pour tromperie par les juges d'instruction de Paris. "Combatif" et "responsable", il assistera à son procès, selon son avocat.

Avant d'aborder le fond, le tribunal devra trancher une féroce bataille procédurale engagée par Servier, susceptible d'entraîner un renvoi du procès. Servier déposera deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) et une demande d'expertise judiciaire, qualifiées d'"écrans de fumée" par les parties civiles.