Le procès des seniors au volant

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Europe1.fr (avec Laure Dautriche)
La famille d'un enfant renversé par un conducteur âgé atteint d’Alzheimer poursuit l'Etat.

 

En avril 2006, un garçon de trois ans, qui se rendait à l'école, avait été renversé et blessé alors qu'il traversait la route avec sa mère sur un passage piéton protégé. Le conducteur, un homme de 86 ans atteint de la maladie d'Alzheimer, s’était vu retiré son permis avant de le récupérer 6 mois plus tard, sans que ses capacités à conduire ne soient testées.

 

La famille de l’enfant blessé a donc décidé de poursuivre l’Etat en justice pour faute grave, dénonçant l'absence de contrôle médical sur les conducteurs âgés. Le procès de ce contrôle défaillant se tient jeudi devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.

 

Pour Emmanuel Ludot, l'avocat de la mère de famille de 32 ans, un contrôle des capacités à conduire de ce retraité aurait du s’imposer de lui-même. D’autant que juste après l’accident, le conducteur ne s'était pas rendu compte de l’impact et des passants témoins de la scène "avaient couru après lui pour qu'il s'arrête".

 

Une “double faute“

 

Pire, cette mère de famille a depuis aperçu le retraité au volant à plusieurs reprises dans son voisinage, lui faisant craindre un nouvel accident. Elle a donc décidé de poursuivre l’Etat pour favoriser la mise en place d’un contrôle plus poussé sur les capacités physiques des conducteurs âgés (vue, ouïe…).

 

“C’est un cauchemar pour nous. Ce qui nous pose problème, c’est qu’à 91 ans, il conduise toujours alors qu’il n’a pas toutes ses capacités de réflexe au volant“, a-t-elle déploré au micro d’Europe 1, avant de s’emporter : “ils vont attendre quoi, qu’il y ait un mort ?“.

 

"L'Etat est doublement en faute, pour ne pas exercer de contrôles sur la santé des conducteurs d'un certain âge et pour avoir permis à un individu âgé maintenant de 90 ans de reconduire sans examen médical après un tel accident", pointe l'avocat de la mère de famille.

 

Quel suivi des conducteurs âgés ?

 

La famille du garçon renversé déplore par ailleurs que les médecins, en raison du secret professionnel, ne puissent alerter les autorités sur l'éventuelle dangerosité au volant d'un de leurs patients.

 

La préfecture de la Marne a rétorqué qu’en vertu de l'article R.221-14 du Code de la route, toute personne peut alerter par courrier le préfet de l'état physique d'un conducteur susceptible de mettre en danger son intégrité ou celle des autres usagers.

"En conséquence, si un courrier bien étayé d'un particulier peut permettre de penser que l'état de santé d'un conducteur peut être incompatible avec le maintien du permis de conduire, nous convoquons l'intéressé pour une visite médicale", a précisé la préfecture.