Le plus ancien détenu sera bientôt libéré

Après presque 28 ans derrière les barreaux, Abdelhamid Hakkar bénéficiera d'une liberté conditionnelle.
Après presque 28 ans derrière les barreaux, Abdelhamid Hakkar bénéficiera d'une liberté conditionnelle. © MAXPPP
  • Copié
avec agences , modifié à
Après 28 ans derrière les barreaux, Abdelhamid Hakkar bénéficiera d'une liberté conditionnelle.

Il est celui qui, actuellement, a passé le plus de temps en prison, en France. Condamné en 1984 pour le meurtre d'un policier en 1984, un crime qu'il a toujours nié, Abdelhamid Hakkar est incarcéré depuis près de 28 ans. Le tribunal d'application des peines (TAP) de Colmar a accepté mi-janvier sa demande de libération conditionnelle. Il devrait sortir le 20 mars prochain.

"On ne parvient plus à trouver de sens à [son] incarcération en établissement pénitentiaire", a souligné le TAP dans sa décision, précise son avocate.

Trois condamnations à la perpétuité

Abdelhamid Hakkar avait été condamné à trois reprises à la perpétuité pour le meurtre d'un policier qu'il nie avoir commis : en 1989, puis en 2003 à la suite d'une saisine de la Cour européenne des Droits de l'Homme (CEDH) qui avait conclu au caractère non équitable du procès et annulé la procédure, et en appel, en 2005. Mais sa libération a été retardée par des condamnations pour des délits commis en prison. Il a notamment tenté de s'évader quatre fois, ce qui lui a valu un total de plus de 14 années d'incarcération supplémentaires.

Au cours de sa détention, ce Franco-algérien de 56 ans a été transféré à 45 reprises et a passé 12 ans à l'isolement. Après 24 ans de prison, il avait observé, en 2008, une grève de la faim pendant 42 jours pour "dénoncer l'acharnement de la justice française contre lui". En 2006, Abelhamid  Hakkar avait signé avec neuf autres détenus à perpétuité de la centrale de Clairvaux, un texte réclamant "le rétablissement de la peine de mort", qu'ils disaient préférer à la "perpétuité réelle" les faisant "crever à petit feu".

Le soutien de Jack Lang

Au fil des années et des rejets successifs de ses demandes de libération conditionnelle, des voix s'étaient élevées pour juger la durée de sa détention excessive. Il avait reçu le soutien du socialiste Jack Lang et du sénateur néerlandais Erik Jurgens, lorsque celui-ci était vice-président de la commission des droits de l'homme de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.   

Après sa libération, Abelhamid Hakkar sera placé sous bracelet électronique au sein de sa famille à Besançon et sera soumis à une obligation de soins. Il travaillera dans une association de réinsertion de détenus dans le BTP, a précisé son avocate.

Pour autant, ses ennuis avec la justice ne sont pas terminés. Abelhamid Hakkar doit encore comparaître le 16 mars prochain devant le tribunal correctionnel de Colmar pour "obtention indue de documents administratifs", des ambiguïtés sur sa nationalité étant apparues lors du renouvellement de sa carte d'identité française.