Le meurtrier d’Anne-Lorraine aux assises

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avec Marie Peyraube , modifié à
Thierry Devé-Oglou, accusé du meurtre d’une étudiante fin 2007 dans le RER D, est jugé lundi.

Anne-Lorraine Schmitt, une étudiante de 23 ans, a été tuée de 34 coups de couteau fin 2007 dans une rame du RER D parisien. Trois ans après les faits, le procès de son meurtrier présumé, Thierry Devé-Oglou, s’est ouvert lundi aux assises de Pontoise, sur fond de débat sur la récidive.

Il a "pété un câble"

Le dimanche 25 novembre 2007, Anne-Lorraine Schmitt est retrouvée en fin de matinée ensanglantée et inconsciente en gare de Creil, dans l’Oise, dans une rame du RER D en provenance de Paris. Elle meurt sur place quelques minutes plus tard.

Philippe Schmitt, son père, l'attendait sur le quai. "Je l’ai attendu à 10h30. Le RER s’est arrêté, elle n’est pas descendue. J’ai trouvé ça un peu anormal, mais je ne me suis pas plus inquiété que ça", raconte l'homme à Europe 1. "Ce chagrin, il est permanent. Je le revis en particulier tous les dimanches, parce que tous les dimanches, je vis à l’horloge. En me disant : "Il est dix heures, elle a pris le train. Il est 10h20, elle rencontre". Et je sais qu’à 10h30 tout est fini. J’en appelle à la responsabilité de la cour d’assises, pour être courageuse."

Déjà condamné pour viol

Grâce à de nombreuses traces d’ADN trouvées sur le corps de la victime, l'enquête conduit rapidement à un manutentionnaire, Thierry Devé-Oglou, retrouvé blessé et qui assure avoir été agressé dans le RER entre Louvres et Fosses, dans le Val d'Oise. Durant sa garde à vue, l'homme avoue "avoir pété un câble". Voyant Anne-Lorraine Schmitt seule, il a tenté de la violer, la menaçant de son couteau. Comme elle se débattait, il l'a poignardée.

Cette affaire a soulevé de nombreuses questions sur la récidive. Le casier judiciaire de Thierry Devé-Oglou a en effet montré qu’il avait déjà été condamné en février 1996 par la cour d'assises de l'Oise à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, pour un viol commis en janvier 1995 dans un RER sous la menace d'un couteau. Il avait été remis en liberté en février 1997. Le meurtre d’Anne-Lorraine Schmitt est justement survenu lors de l'examen par l'Assemblée nationale d'un projet de loi contre la récidive.

"Il devait être suivi par un juge de l’application des peines. Ça n’a pas eu lieu. Il n’y avait pas de prise en charge médicale, psychologique ou psychiatrique. On n’aurait dû éviter ça", déplore son avocat, Me Mahieddine Bendaoud. Après sa sortie de prison suite à sa première condamnation, Thierry Devé-Oglou n'avait pas respecté son suivi psychologique. Me Bendaoud a expliqué que son client "n'arrive pas à expliquer son geste". "Il est rongé par le remord, c'est tout ce qu'il a à offrir".