Le droit d’asile à bout de souffle

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avec Pierre de Cossette et AFP , modifié à
ASILE - L’Assemblée nationale débat depuis mardi du projet de réforme du droit d'asile.

Le projet de réforme du droit d'asile est arrivé mardi à l'Assemblée nationale. Objectifs affichés : désengorger un système malmené et accueillir “dignement” les demandeurs, "ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Les débats s’annoncent houleux, face à une UMP mobilisée sur le sujet. 

Des délais "de 24 mois". Premier objectif, raccourcir les délais d’attente. “Il faut 24 mois entre le moment où on dépose sa demande d'asile et le moment où on a une réponse. Je souhaite qu'on ramène ce délai à neuf mois" d'ici 2017, a expliqué lundi Bernard Cazeneuve.

60.000 demandes. Pour y parvenir, des "moyens supplémentaires" doivent ainsi être alloués à l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et des apatrides) et à la cour nationale du droit d'asile (CNDA), a précisé le ministre. Car pour l’Ofrpa, la difficulté reste d’examiner rapidement les dossiers. 

Face à quelque 66.000 demandes l'an dernier, un renfort d'une cinquantaine d'employés a été promis, a appris Europe 1. Une annonce encourageante pour les demandeurs d’asile, qui cache aussi un enjeu financier. Car un mois de délai supprimé représente une économie de 15 millions d’euros sur le budget hébergement des demandeurs d’asile, selon les informations d’Europe1. 

Les craintes des associations.  "Il ne faut pas qu'”accéléré” rime avec “expéditif”", met en garde Geneviève Jacques, la présidente de la Cimade, une association venant notamment en aide aux migrants. La responsable faisait allusion aux "procédures accélérées" pour traiter les dossiers relevant incontestablement du droit d'asile, comme les Syriens notamment, ou au contraire de ceux n'ayant aucune chance d'aboutir. Ainsi, les ressortissants de pays dits "sûrs" passeraient directement en procédure accélérée. 

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Un accueil plus digne. Autre objectif annoncé : améliorer les conditions d’accueil des demandeurs d‘asile. Un point sur lequel a insisté Bernard Cazeneuve. “L'idée, c'est de faire en sorte que tous ceux qui relèvent de l'asile en France puissent être dignement accueillis dans ce pays, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", a déclaré le ministre lundi sur France Info.

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5.000 nouvelles places crées. "Nous continuons à créer des places dans les centres d'accueil pour les demandeurs d'asile - nous en avons créé 4.000. Nous allons en recréer 5.000 dans le courant de l'année 2015", a également annoncé Bernard Cazeneuve, précisant que les demandeurs d'asile pourraient désormais être assistés par un avocat lors de leur entretien devant l'Ofpra.

Selon les associations, un tiers seulement des demandeurs disposent d'une place en Centre d'accueil pour les demandeurs d'asile (Cada). Les autres sont accueillis par des proches ou par l'hébergement d'urgence.

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