Le brocanteur était-il un "voleur" ?

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et François Coulon , modifié à
Jugé pour avoir encaissé des "bons au porteur" trouvés dans un grenier, il clame sa bonne foi.

Le procès. Christian, un brocanteur qui travaille depuis 30 ans dans la région nantaise, comparaît mardi devant le tribunal correctionnel pour avoir encaissé des "bons au porteur" qu'il avait trouvés dans un grenier. Mais l'homme clame sa bonne foi : "je sortirai du tribunal la tête haute. Je ne suis pas un voleur", assure-t-il sur Europe 1.

L'histoire. En mars 2011, Christian est appelé par des héritiers pour débarrasser le grenier d'une maison à la suite d'un décès. Les descendants, les deux fils du mari et les quatre neveux de l'épouse, ont déjà récupéré ce qui les intéressaient.

Quelques mois plus tard, alors que le brocanteur prépare la grande brocante de Nantes, il découvre, dans un drap, plus de 200 bons au porteur (des titres de créance d'un prêt à une banque ou à l'Etat, ndlr), anonymes. A 1.500 euros le bon, la valeur totale s'élève à 300.000 euros. Mais avec tous les greniers qu'il a vidés ces dernières années, Christian ne se souvient pas d'où peut provenir ce trésor.

Christian se rend alors à la Caisse d'épargne, qui a émis ces bons anonymes. La banque lui assure alors qu'il n'est pas possible de connaître l'identité de la personne qui les a souscrits. "Si la Caisse d'épargne vous dit qu'ils sont à vous, vous les avez trouvés et ils sont au porteur... Il ne fallait pas me les payer ! Si on vous les paie, c'est que vous êtes dans votre droit", revendique le brocanteur.

Tracfin alerté. Mais l'encaissement d'une telle somme alerte Tracfin, l'organisme du ministère des Finances chargé de lutter contre le blanchiment d'argent. Et une enquête pour vol est ouverte. Les descendants portent alors plainte. En fait, la banque aurait pu lever l'anonymat du souscripteur initial.

Le brocanteur jure de son honnêteté. Pour les avocats de Christian, la situation est ubuesque. Selon eux, s'il avait été malhonnête, le brocanteur aurait tout à fait pu encaisser les bons petit à petit pour ne pas éveiller les soupçons. "Je n'ai pas fui à l'étranger. Je n'ai pas pris de copains pour qu'ils encaissent des bons. Je n'ai pas triché", clame Christian.

"J'ai trente ans de métier. J'ai travaillé avec des notaires. Je n'ai jamais eu de plainte. Qu'on me traite de voleur, c'est honteux", se désole le brocanteur. "J'ai une chance qui me tombe sur la tête. Je n'y peux rien, je n'ai pas demandé à avoir cet argent !", conclut-il.