Le "blues" des policiers, ça se soigne ?

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et Pierre de Cossette , modifié à
Le syndicat Alliance propose de créer une école commune aux différents échelons de la police.

Un constat : le "blues" des policiers. Près de 6.000 gardiens de la paix ont participé à une étude sur "le management et le stress au travail" menée par une unité de recherche du CNRS de Toulouse et dont le syndicat Alliance a dévoilé les résultats mercredi. Le constat est peu réjouissant : un ras-le-bol, un manque de reconnaissance et une fracture entre les policiers de terrain, et leurs patrons.

"Cette étude montre qu'il y a un vrai 'blues' des policiers. Elle montre qu'il y a des dysfonctionnements de management qui créent du stress, que les policiers ont le sentiment d'être abandonnés par leur hiérarchie", résume Jean-Claude Delage, le patron d'Alliance. "La police est devenue une machine qui ne met plus l'humain au centre", estime pour sa part Frédéric Lagache, le secrétaire général adjoint du syndicat.

Une école unique "pour recréer du lien social"... En réaction à cette étude, le deuxième syndicat des gardiens de la paix a donc demandé mercredi à Manuel Valls de prendre en compte le "malaise" des policiers mis en évidence. A l'occasion des Assises de la formation jeudi, Alliance compte proposer au ministre de l'Intérieur plusieurs idées pour remédier au "blues" des policiers. Le syndicat propose notamment la création d'une école de police unique, où les policiers de tous grades seraient assis sur les mêmes bancs.

"Il ne s'agit pas de faire de la lutte des classes, il ne s'agit pas de faire disparaître l'autorité, la hiérarchie. Alliance dit simplement qu'il y a des difficultés sur le terrain. Il n'y a pas assez de prise en compte de ce que les collègues ressentent, il n'y a pas assez de débriefings sur les opérations, pas assez d'écoute. Il faut recréer ce lien social qui est absent", estime Jean-Claude Delage au micro d'Europe 1.

... et réduire les suicides ? Pour le patron d'Alliance, la solution pour endiguer le mal être des policiers serait donc de créer plus de cohésion entre les différents services de police, entre la direction et les hommes de terrain. "Quand on parle d'une académie de police où tous les corps de police vont pendant 18 mois faire leur scolarité ensemble, c'est pour recréer ce lien social entre les corps", détaille-t-il.

Une école commune serait même, selon Jean-Claude Delage, un bon moyen d'éviter des suicides. "Quand un chef de service va voir qu'un collègue gardien de la paix ne va pas bien et qu'il va le signaler on évitera très certainement des difficultés et parfois des suicides", estime le patron d'Alliance.

Vers une notation des chefs ? Le syndicaliste trouve également que le management manque très souvent d'humanité, d'écoute et de reconnaissance. Alliance propose ainsi également que les gardiens de la paix puissent noter leurs officiers et leurs commissaires. Dans l'étude, sur les 8 critères, ils dépassent une seule fois la moyenne.