Le Pradaxa, dangereux anticoagulant ?

Plusieurs d'entre eux, dont le syndicat des jeunes biologistes médicaux, viennent d'écrire à la ministre de la Santé Marisol Touraine pour l'alerter sur le Pradaxa
Plusieurs d'entre eux, dont le syndicat des jeunes biologistes médicaux, viennent d'écrire à la ministre de la Santé Marisol Touraine pour l'alerter sur le Pradaxa © MaxPPP
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Des biologistes ont écrit à la ministre de la Santé face aux risques d'hémorragies du médicament.

L'alerte. Certains médecins biologistes n'hésitent pas à parler de potentielle nouvelle affaire Mediator. Plusieurs d'entre eux, dont le syndicat des jeunes biologistes médicaux, viennent d'écrire à la ministre de la Santé Marisol Touraine pour l'alerter sur le Pradaxa, un anticoagulant commercialisé en France depuis cinq ans par le laboratoire pharmaceutique allemand Boehringer Ingelheim, rapporte vendredi France Info. Prescrit pour empêcher la formation de caillots de sang après un AVC, une embolie ou encore un infarctus, le médicament risque aussi, comme d'autres coagulants, de provoquer des hémorragies. Le hic : il n'existe, pour le Pradaxa, aucun antidote dans ce cas là.

Existe-t-il un autre traitement ? Le Pradaxa est venu fortement concurrencer, il y a cinq ans, un autre anticoagulant : le Previscan. Tout aussi efficace, ce dernier est toutefois bien moins confortable que le Pradaxa, puisque il nécessite de faire une prise de sang tous les 15 jours. Il a donc été prescrit en masse, à la grande inquiétude des biologistes. En effet, même si le Previscan peut, lui aussi, provoquer des hémorragies, il dispose d'un antidote à injecter en cas de problème. Antidote inefficace avec le Pradaxa.

Des pressions des groupes pharmaceutiques ? Il existe une autre différence entre les deux médicaments : le prix. Le Previscan coûte 12,50 euros par mois, le Pradaxa 70. D'où des soupçons, de la part de certains médecins, selon lesquels les laboratoires pharmaceutiques feraient pression sur les médecins pour qu'ils prescrivent Pradaxa, plus onéreux. "Il y a peut-être des pressions de temps en temps. Mais les cardiologues qui connaissent parfaitement les études ne sont pas sensibles à toutes ces demandes", nuance toutefois Christian Ziccarelli, président du syndicat national des cardiologues, contacté par France Info. Et d'insister : "il ne faut pas dramatiser non plus et tirer à boulets rouges sur ces anticoagulants qui  sont quand même, pour moi, une grande avancée thérapeutique."

Suivi de près par les autorités. Il n'empêche : l'Agence nationale du médicament, chargée de contrôler la sécurité de tous les produits pharmaceutique, vient d'envoyer une lettre aux médecins, les prévenant de surveiller les effets indésirables du Pradaxa. Et elle s'engage à en contrôler le volume des ventes.