Le Mediator breveté comme coupe-faim ?

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avec AFP , modifié à
Le brevet américain, déposé en 1967, mettrait en avant des propriétés anorexigènes.

Servier rattrapé par un brevet datant de 1967. Le laboratoire l'a toujours nié mais le Mediatora aurait bien été présenté comme un coupe-faim dans le brevet déposé aux Etats-Unis en 1967, selon le Canard Enchaîné de mercredi. D'après le résumé du brevet, "ces molécules possèdent une activité anorexigène, analgésique, anticonvulsivante et de régulation du métabolisme des lipides".

Pour l'hebdomadaire, "l'effet coupe-faim arrive bel et bien en tête de tous les bénéfices attribués à cette merveilleuse trouvaille, qui, exception faite des cors aux pieds, soigne à peu près tout". La molécule benfluorex, déposée aux Etats-Unis en 1967 et brevetée en 1971, aurait fait l'objet d'un brevet similaire en France. "Dès 1966, un brevet dit de 'base' présente les propriétés anorexigènes de la molécule".

Un effet pas contesté chez l'animal

Le suffixe "orex", de benfluorex, la molécule du Mediator, désigne les propriétés anorexigènes. Le médicament, soupçonné d'avoir causé de graves lésions chez des milliers de patients, a été largement prescrit par les médecins comme coupe-faim. Mais le laboratoire Servier a toujours démenti avoir mis le médicament sur le marché comme anorexigène.

Le groupe Servier a affirmé mercredi qu'il n'avait "jamais contesté l'existence d'un effet anorexigène chez l'animal". "Bien au contraire, puisque de nombreuses études qu’ils ont publiées et financées font état de cette activité, notamment chez le rat et le chien", poursuit-il.

Un élargissement de l'enquête

Servier ajoute qu'"en revanche, aucune étude à ce jour, et encore moins antérieure au dossier d’autorisation de mise sur le marché de 1974 n’a démontré que le Médiator avait un effet anorexigène chez l'homme aux doses thérapeutiques indiquées par la notice".

Jacques Servier, patron du laboratoire, mis en examen pour tromperie et escroquerie, doit à nouveau comparaître devant le juge d'instruction le 9 novembre, selon Hervé Témime, son avocat. Et les juges chargés de l'affaire ont demandé un élargissement de l'enquête à une éventuelle tentative de modification d'un rapport du Sénat par le laboratoire.