Le Distilbène, nocif sur trois générations

Une étude prouve que les effets du Distilbène impactent trois générations.
Une étude prouve que les effets du Distilbène impactent trois générations.
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P.R. avec Anne Le Gall , modifié à
Les garçons dont les grands-mères ont pris du Distilbène seraient exposés à des malformations.

On savait déjà que le Distilbène, hormone de synthèse prescrite entre les années 50 et 70 pour prévenir les fausses couches, avait de graves répercussions sur la santé des femmes et de leurs enfants. Une étude, réalisée par une équipe constituée autour du professeur Charles Sultan, du CHRU Lapeyronie de Montpellier, à paraître dans la revue Fertility and Sterility prouve que les petits-enfants des femmes traitées au Distilbène sont également touchés.

Ils sont en effet 40 à 50 fois plus exposés que les autres à une malformation du pénis, l’hypospadias. Il s’agit d’une malformation congénitale de l’urètre, dont l'orifice se trouve anormalement positionné sur la face inférieure du pénis et non à son extrémité. Une malformation opérable chez les jeunes enfants.

L'étude "peut faire avancer les choses"

Stéphanie Chevalier, présidente de l’association des filles victimes du Distilbène, accueille l’étude comme "une bonne nouvelle", dans le sens où elle peut "faire avancer les choses", pour aller vers "une meilleure prise en charge des victimes". Stéphanie Chevalier, dont la mère avait pris du Distilbène, souffre elle-même d’une malformation de l’utérus, qui fait qu’elle n’a jamais pu être enceinte.

Ce médicament a été prescrit pendant près de 30 ans, avant son interdiction en 1976. En France, quelque 160.000 femmes en ont pris, et 100.000 enfants en sont nés. Et dans le monde, elles sont entre deux et huit millions.

Le fabricant, le laboratoire UCB Pharma, a fait savoir qu’il attendrait la parution officielle de l’étude dans une revue scientifique avant de s’exprimer. En attendant, UCB Pharma va passer devant la justice, au tribunal de Versailles, vendredi : le laboratoire, condamné en première instance à verser plus de deux millions d’euros à la famille d’un petit garçon dont la grand-mère avait pris du Distilbène, a déposé un recours. Louis, 11 ans, souffre d’un handicap à 80% et ne sait ni lire ni compter.