La réforme du congé parental peut-elle nuire à la fécondité ?

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EFFET DOMINO - Pour faire des économies, le gouvernement a décidé de réduire le congé parental. Est-ce une mauvaise nouvelle pour la fécondité en France ? 

Pour tenter de résorber le déficit de la Sécurité sociale, la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine a annoncé lundi une série d’économies sur la branche famille. La prime de naissance sera divisée par trois à partir du deuxième enfant et le congé parental va être raboté pour les mères afin d'inciter les pères à prendre leur part.

>>> Cette diminution du congé parental peut-elle entraîner une baisse de la fécondité ?

Le taux de natalité toujours très fort en France. Pour mieux comprendre l’importance des mesures sur la famille, jetons d’abord un œil sur le taux de natalité en France. Avec 12,3 naissances pour 1.000 habitants en 2013, les Françaises arrivent en deuxième position juste derrière l’Irlande (15 naissances pour 1.000) mais dépassent largement l’Allemagne, le Portugal ou encore l’Italie. Notons aussi que la natalité est en légère baisse dans l’hexagone (13,3 naissances pour 1.000 habitants en 2000 contre 12,3 en 2013).

"La durée du congé parental a peu d’incidence". De nombreuses associations familiales dénoncent les "coupes à la serpe" du gouvernement. Le gouvernement devrait partager le congé parental en deux entre le père et la mère. "La durée en elle-même du congé parental a une incidence très limitée sur la fécondité", nuance immédiatement Olivier Thévenon, spécialiste des politiques familiales à l’Institut national d’études démographiques (Ined), contacté par Europe1.fr. "S’il y a un accroissement de l’offre de service de garde pour les enfants (places en crèche et en service d’accueil), la réduction du congé parental n’aura pas beaucoup d’effet", poursuit-il. Or en 2013, le gouvernement a promis un effort sans précédent à ce sujet, avec à la clé la création de 275.000 nouvelles places d’accueil.

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Le partage homme-femme, une bonne idée ? Dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), la diminution  du congé parental des femmes (pour le répartir davantage entre les pères et les mères) a été annoncée pour permettre à l’Etat de faire des économies. "Si l’objectif est de promouvoir l’égalité entre hommes et femmes, je ne pense pas que la simple réduction du congé parental arrange les choses", estime Olivier Thévenon, chercheur à l’Ined. "Le paramètre le plus important, c’est le taux d’indemnisation". Et là le bât blesse. 

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Le congé parental encore trop mal rémunéré en France. "Les incitations sont encore trop faibles avec l’équivalent d’un demi-smic pour encourager les hommes qui, sont encore ceux qui gagnent le plus dans les ménages français", poursuit Olivier Thévenon. En France, un parent qui prend son congé parental perçoit jusqu’à 530 euros maximum par mois. Un niveau qui place la France dans le mauvais wagon européen. A titre de comparaison, la Suède, précurseur en la matière, prévoit une indemnisation à hauteur de 80% du salaire net (plafonnée à 3.300 euros).